lundi 22 septembre 2014

Qui es-tu Alaska ?

                                                                    Qui es-tu Alaska, John Green 

Comme j'avais été très touchée par Nos Etoiles Contraires, je me suis dit que j'allais me lancer dans la lecture d'un autre de ses romans; j'ai eu bien raison, car j'ai encore une fois été touchée, happée et bouleversée
Qui es-tu Alaska commence comme un roman de jeunesse ordinaire, avec un ado en quête de sens, qui change d'établissement et arrive en internat. Comme souvent quand on est nouveau, le jeune Miles (surnommé Le Gros par antithèse) se retrouve chahuté et bizuté par les autres. Mais ce n'est pas pour lui déplaire en définitive, puisque cela lui permet de se rapprocher d'Alaska, la leader de tous les coups montés fomentés à l'encontre de l'Aigle (le proviseur) et de ses règles. 
Dès le titre on est forcément intrigué par ce personnage, cette jeune fille mystérieuse au nom encore plus étrange, qui focalise l'attention. Pourtant peu de détails nous sont donnés sur elle, ce n'est pas une bimbo, ce n'est pas un bourreau des coeurs, mais une fille vivante, étonnante, qui donne du rythme à tout ceux qu'elle cotoie. D'ailleurs son entrée en scène dans le roman est assez brusque et sans fioritures, à la mesure de ce personnage fascinant et pourtant si humain. 

L'autre mystère du roman réside dans les titres des chapitres, qui sont un compte à rebours. Je n'ai pas été sans soupçonner dès le début le lien avec la passion du personnage principal pour les dernières paroles des personnages célèbres... mais je n'en dirai pas plus au risque de spoiler !

Bref ce roman est un savant mélange entre émois adolescents, volonté de transgression, mais aussi réflexion sur la vie, la mort, l'amitié et l'amour. Roman d'apprentissage et fable à la fois. Il m'a vraiment semblé être happée par cette histoire, j'avais toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qu'il advenait des personnages (ce qui est aisé du fait de la fluidité du style de l'auteur). 

Un très bon roman, mais à ne pas mettre dans les mains des plus jeunes, qui pourraient être très (trop?) chamboulés. 

PS : je n'ai pas lu le roman dans cette collection, mais je trouve que cette couverture illustre parfaitement les thèmes du roman. Celle de la collection de poche, bien que pas mal a posteriori, fait présager davantage un roman d'ado pur, alors qu'il est bien plus symbolique. 

lundi 15 septembre 2014

Mignonne, allons voir

                                                              Rose, Tatiana de Rosnay

Je ne l'avais pas encore lu celui-là; et bien maintenant que c'est chose faite, je me dis que j'étais passée à côté d'un vraiment bon roman. Peut-être le meilleur de Tatiana de Rosnay, selon mes goûts du moins !
L'histoire est assez simple, celle d'une femme de soixante ans qui refuse de quitter sa maison. Celle-ci se trouve en effet dans une rue qui doit être rasée par Haussman pour aménager les grands boulevards. A travers une lettre-roman qu'elle écrit à son mari décédé quelques années auparavant, on découvre la détermination de cette femme, mais aussi, comme souvent chez Tatiana de Rosnay, un lourd secret...

Dans ce roman, j'ai retrouvé les thèmes chers à l'auteur, et qui m'avaient échappés dans les précédents romans lus (depuis Elle s'appelait Sarah) : les murs et leur âme (leur mémoire surtout), et le secret distillé à touches de suspense. Mais ce qui fait pour moi l'intérêt particulier de ce roman, c'est son atmosphère désuette et éminemment historique , au temps de Napoléon III et de Balzac. L'héroïne est une vraie duchesse dans l'âme, mesurée mais fougueuse, toute en retenue mais pleine d'énergie. Rose est une mamie comme on aime en avoir, fragile mais pourtant terriblement forte (cf la fin du roman...). Que d'antinomies, mais c'est pourtant l'idée qui ressort de ce roman). 

Un livre très joli, tout en finesse (comme les roses). Une très bonne lecture, que je conseille vivement à ceux et celles qui auraient été déçus par A l'encre russe (dont le style est extrêmement différent). Tatiana de Rosnay joue avec toutes les cordes, et c'est ce qui rend cette auteur si intéressante !

mercredi 10 septembre 2014

La grâce des brigands

La Grâce des Brigands, Véronique Ovaldé 

J'avais repéré ce roman depuis quelques temps, depuis qu'il était sorti en Poche et qu'il faisait partie de la sélection des lecteurs de Points en fait, mais je n'avais toujours pas osé l'acheter, de peur d'être déçue. Le résumé de la quatrième de couverture ne m'attirait pas tellement, et puis je n'avais lu que Ce que je sais de Vera Candida de cette auteur, et craignait que cet autre roman de lui arrive pas à la cheville. Finalement maman me l'a passé, et je lui fais confiance quand elle me dit qu'un livre vaut le coup. Mais ma réticence avait sa raison d'être, puisque j'ai finalement été déçue...
L'histoire était prometteuse : une écrivaine qui retrace dans ses livres son enfance malheureuse, auprès d'une mère quasie folle et surtout intransigeante, et d'un père étouffé. Le roman commence en réalité lorsque Maria-Christina (l'héroïne) a atteint le summum de la notoriété et qu'elle reçoit un coup de fil de sa mère lui demandant de venir s'occuper du fils de sa soeur (soeur handicapée et sans doute à cause de MC, culpabilité qu'elle portera toute sa vie). Un début très prometteur, avec Abel et Caïn au féminin ! Mais au bout d'une cinquantaine de pages, il commence à il y a voir quelques longueurs quand on nous raconte la rencontre des parents, l'histoire de la famille de la mère puis du père de l'héroïne, et enfin sa prime enfance. En plus le style de Véronique Ovaldé n'est pas de tout repos, les phrases sont longues, haletantes, un peu alambiquées parfois (sans fioritures ceci dit, on n'est pas chez Balzac), mais ça donne l'impression d'une voix qui parle alors qu'elle est essoufflée tout en ayant plein de choses à dire (moi quand j'arrive quelque part après avoir couru parce que je suis en retard ^^). Il faut être un minimum concentré pour lire, alors que l'histoire n'est pas en soi si complexe. Par ailleurs, il y a des titres au début de chaque chapitre, qui ne sont pas de prime abord en lien avec ce que contient le chapitre en question, mais la lecture m'a semblé parfois tellement laborieuse que je n'avais même pas le coeur à chercher les correspondances (ce que j'adore faire pourtant, décortiquer les petits indices que l'auteur a pu semer pour maintenir son lecteur en éveil). Dommage...Ceci dit, peut-être est-ce moi qui n'étais pas assez concentrée ! Hypothèse fort probable puisque passée la première (trois quarts...) moitié du livre, j'ai eu l'impression d'être bien mieux immergée dans l'histoire. Peut-être est-ce une volonté de l'auteur de mettre en phase l'état de MC enfant (un peu pômmée et avide) et l'entrée dans l'âge adulte, difficile mais moins pressant... Enfin je m'égare, je pense juste que je n'ai pas su percevoir les subtilités du roman et puis voilà. Peux mieux faire !
Bref je disais que la fin du roman, quand Maria-Christina s'émancipe, emménage avec Joanne (colocataire étrange, enceinte mais sympa) et rencontre Claramunt (dont on a déjà entendu parler au début), m'a semblée beaucoup plus sympa. Cependant, le style restait un peu lourd, ce qui gâchait par moments le plaisir. Je crois me souvenir que c'était un peu la même chose pour Vera Candida (cf sur ce blog). Je viens de relire mon article sur ce roman justement, et j'étais plutôt ravie ! Mais je parle quand même de la difficulté des premiers chapitres, sans doute était-il difficile de rentrer dans l'histoire à cause du style spécial.
La Grâce des Brigands ressemble moins à un conte que Vera Candida; la réalité y est plus cruelle encore, les lieux existent et le temps est donné : les années 80. On retrouve néanmoins les même thèmes de la fuite, des jeunes mère, de l'amour déçu.

Une petite remarque concernant le titre : je n'ai pas tellement compris cette histoire de brigands... (je crois vraiment que je n'ai quasiment rien compris en fait... soit je deviens vieille et sénile, soit j'ai vraiment mal lu, soit... non non c'est forcément moi, hé ho quand même !)
Alors tout en écrivant je suis allée voir des critiques, et cette phrase me rassure :
La grâce des brigands réussit la prouesse d'être aussi diablement romanesque que diablement poétique. L'écriture de Véronique Ovaldé, sans afféterie et sans facilité, suit le rythme presque organique du récit, avec ses échappées et ses alanguissements. Il s'agit du neuvième roman de l'auteur, après Ce que je sais de Vera Candida et Et mon coeur transparent, plusieurs fois primé. (Marion Cocquet - Le Point du 11 juillet 2013)
Elle a donc bien un style fort particulier, qui suis les méandres et les anicroches des aventures des personnages et du récit. Ouf, je ne suis pas devenue hermétique à la littérature parce que je lis Percy Jackson et Musso (bon Musso c'est juste depuis aujourd'hui, parce que je me suis mis en tête de faire comprendre à mes élèves que ce n'est pas un "grand auteur", parce qu'il na pas de style. Et je crois que j'ai réussi... (en leur disant par contre que c'est un très bon conteur (et heureusement, parce que j'ai cru que les nénéttes de la classe allaient m'étriper sur place !).
Bon revenons à nos brigands... et bien je ne les ai pas vraiment trouvés, parce que personne ne vole rien, ou alors l'amour et la vérité... C'est possible ceci étant, puisqu'on est dans une fable et un texte éminemment poétique (........).

Bref, est-il utile de préciser que j'ai préféré Vera Candida et que je ne remettrai pas de si tôt le nez dans un Véronique Ovaldé ?


mercredi 3 septembre 2014

Nos Etoiles Contraires...et la lecture qui fait couler les larmes

Nos Etoiles Contraires, John Green

Je sors de ce roman chamboulée et en pleurs. Enfin il ne faut pas exagérer, juste les joues un peu striées, mais quand même. C'est rare qu'un roman me fasse cet effet. Je pense que c'est parce qu'il m'a rappelé des souvenirs, mais aussi parce que c'est un bon roman, qui traite des peines humaines avec subtilité et un juste ton. Laissez-moi vous brosser le tableau...

Les personnages principaux ont un cancer. On aurait donc pu imaginer du pathos, du vocabulaire médical, des cris et des larmes; un ton plus que triste. Rien de tout ça; le ton est juste celui qu'il faut pour traiter du sujet sans sombrer dans l'apitoiement ou la dépression. Un zeste d'humour, et puis le reste...

C'est un livre fort, à ne pas mettre entre les mains des jeunes gens trop jeunes je pense. Non pas à cause de la difficulté de son vocabulaire ou de son style, mais à cause de ce qu'il nous raconte.  Pendant la lecture, on passe par des tas d'émotions, et les idées qu'elle laisse en nous sont nombreuses et marquantes. Je vais sans doute les méditer et y repenser plus que de coutume. Il est rare qu'un livre ait cette puissance...
Finalement je pense que c'est une réaction normale, étant donné que John Green nous présente un condensé de vie dans ce qu'elle a de plus injuste. Il en est même difficile de se mettre à  la place des personnages, qui sont tellement peu gâtés par la vie, et pourtant exemplaires. Comme je vous le disais, on ne sombre vraiment pas dans le pathos :). Essayons de comprendre comme cela est possible...

La première force de ce roman, c'est que c'est un roman d'amour. Un jeune homme et une jeune fille que la maladie rapproche, mais surtout l'humour et l'intérêt pour la vie, les choses,  la deuxième, c'est le personnage principal. Hazel est un phénomène. Elle est super; je ne trouve pas d'autres adjectifs pour la désigner, parce que finalement ils seraient tous précédés de "super"... Super battante, super à l'écoute, super empathique, super pas du tout égoïste,... et puis attachante. Ce n'est pas une super-héroïne du cancer agaçante, mais une fille très chouette. J'ai d'ailleurs été un peu déçue par l'actrice qui l'interprète dans le film (dont je n'ai vu que la Bande Annonce). Elle m'a semblée trop "agée", manquant de la forme d'insouciance et d'étonnement face au monde (on ne peut pas parler de naïveté dans son cas) qui caractérisent Hazel. Par contre, j'ai bien retrouvé la confiance au monde dont elle témoigne (confiance souvent déçue malheureusement...), tout en sachant que ce n'est qu'illusion et que nous sommes tous destinés à disparaître. C'est ce qu'Augustus (oui oui...) comprend grâce à elle : pas la peine de vouloir absolument marquer le monde; on ne laisse que des cicatrices. Les véritables "héros" sont ceux qui y prêtent simplement attention
Hazel a d'ailleurs une passion bien particulière : un roman de Van Houten, qui parle d'une jeune fille atteinte d'un cancer. Elle est totalement et profondément touchée par ce roman, et son plus grand souhait est d'en rencontrer l'auteur. Augustus, son amoureux, va l'aider. En deux lignes j'ai résumé la trame de ce roman; mais en réalité, il est bien plus dense que cela. Je ne dévoilerai surtout pas la fin et le retournement de situation difficile et très touchant. Comme je le disais au début de mon article, j'ai été touchée plus que de coutume, jusqu'à verser quelques larmes. 

Les livres me font rarement (voire jamais...) pleurer... Contrairement aux films qui me laissent souvent reniflante, les livres ne me donnent pas accès aux émotions fortes. Peut-être que la distance qu'imposent pages et les mots fait que je ne suis pas autant touchée, et que la catharsis n'opère pas. Je suis peut-être aussi trop cérébrale....
Qu'en est-t-il pour vous ?