mardi 30 décembre 2014

Exemples de Chick-Litt

Demain est un autre jour, Lori Nelson Spielman
Comme l'évoquais judicieusement une consoeur bloggeuse, ces romans ne laissent pas un souvenir impérissable, et je viens d'en faire l'expérience. J'ai lu Demain est un autre jour et l'ai fini il y a une dizaine de jours. Le problème est maintenant que... je ne m'en souviens que bien peu ! 
En me creusant bien les méninges et en convoquant ma mémoire, je me souviens qu'il est question d'une jeune femme dont la mère vient de mourir et dont l'héritage n'est autre qu'une liste des choses qu'elle souhaitait faire de sa vie quand elle avait 14 ans. Les items s'étalonnent de l'achat d'un cheval au fait de devenir maman. Tout ou presque y passe, les clichés vont bon train mais je me suis laissée prendre au jeu. Malgré les énormes ficelles, il n'y a pas un moment où je me suis ennuyée, pas un moment où j'ai voulu lâcher le livre. 
Je n'ai pas réussi à bien cerner ce qu'est le phénomène Life List (indiqué sur la couverture), alors si quelqu'un peut éclairer ma lanterne... Ah si finalement j'ai compris, c'est à cause du titre original (dont je mets l'exemple ici). 
Ceci dit, il est vrai que c'est intéressant de réfléchir aux projets les plus importants de sa vie, et de ne pas perdre de vue ses rêves. Après, cela me surprendrait que quelqu'un réalise les siens aussi vite et aussi miraculeusement que l'héroïne de ce roman ! La fiction a du bon :).

Je profite de ce court article pour évoquer deux autres lectures récentes

Tout d'abord un roman de Meg Cabot, Miss La Gaffe se marie.
C'est le troisième d'une série mais c'était le seul disponible à la médiathèque et en plus le thème m'a particulièrement intéressée (:p). J'ai été agréablement surprise, ce n'est pas seulement un livre pour ado, c'était vivant, sympa, un peu cliché (mais je crois que c'est définitivement le principe de la chick-litt (clich'litt pourrait-on dire...) mais je n'ai pas non plus eu envie de laisser le roman ou de le lire en diagonales. En plus, les diverses remarques historiques ou anecdotiques sur le mariage ajoutaient une épaisseur supplémentaire à l'histoire. Un bon moment pour un début de vacances. 

Le deuxième roman auquel je me suis attelée est celui qui a fait beaucoup parler de lui et qui m'intriguait ; Les gens heureux lisent et boivent du café, d'Agnès Martin-Lugnan. Son roman a d'abord été publié sur Internet puis par un éditeur suite à son succès. Mais je dois dire que je n'ai pas tellement compris ce qui a pu être à l'origine de ce succès... Je me suis considérablement ennuyée à la lecture de ce petit livre bourré de clichés, dont le début était pourtant prometteur. L'intrigue commençait bien, même très bien, on s'attendait à voir la jeune veuve expérimenter la résilience de manière spectaculairement efficace et s'en sortir grandie (cliché mais humain). Or rien n'a été remarquable ni spectaculaire. La jeune femme est certes sortie de sa torpeur, mais grâce à d'énormes clichés et un macho ridicule. J'ai lu les 150 pages du corps du roman (les 50 premières étant les seules qui vaillent le coup) en diagonale, et pourtant j'ai tout compris. Bref, je ne comprends vraiment pas ce qui a permis à ce roman d'avoir un tel succès.
En plus je trouve scandaleuse la tromperie dont est victime tout lecteur un tant soit peu soucieux de la qualité des livres qu'il choisit d'acheter ou tout simplement de lire. En effet, le titre du roman laisse présager une histoire qui convoque fortement la littérature. Rien de tout cela, il est juste question au début du café littéraire que tient l'héroïne. Sinon la couverture : une image à la Doisnau, qui rappelle la couverture de Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan. Une autobiographie éminemment littéraire. Or, vous l'avez compris, encore une fois rien de tout cela. 
En résumé, une publicité mensongère et un packaging trompeur. 
Il est vrai que les gens heureux lisent, mais pas ce roman là... 

jeudi 18 décembre 2014

Petit mot sur la chick-litt

Je suis en train de lire Demain est un autre jour, un nouveau succès de la chick-litt made in USA, et comme j'y prends plaisir, je suis allée voir ce que les autres bloggeuses en pensaient (oui, ce sont surtout des filles qui lisent ce genre de littérature, mais là je ne vous apprends rien, surtout que chick veut dire poulette en anglais, et qu'une poulette est forcément... bon d'accord j'arrête!). Bref je suis donc allée faire un tour du côté de mes collègues (co-logos, qui parlent le même langage, ou qui parlent en tout cas de la même chose, donc je crois que je peux employer le mot collègue ici, et ailleurs qu'au travail !) et ai constaté avec une certaine satisfaction (me disant que je ne prenais pas plaisir à lire un navet que tout le monde déteste) que les avis sont quasi unanimes : la chick-litt, ça fait du bien !!
Mais pourquoi est-ce que ça fait autant de bien de lire des romans qui parlent de gonzesses qui ont plein de copines, qui vivent plein d'aventures, qui ont plein de problèmes surréalistes dans leur ampleur et l'ampleur de leur accumulation (ou bien est-ce l'ampleur qui est accordée à un problème somme-toute banal dans la vie "normale" qui nous étonne?), qui ont semble-t-il une vie idéale et presque enviable (il ne faut pas abuser non plus, surtout pour celles qui sont les reines du shopping et les déesses des escarpins), mais qui ne l'est peut-être pas tant que ça...
Ah, peut-être est-ce là une des clés du succès : malgré leur fraîcheur et leur caractère à toute épreuve, les héroïnes de ces romans (j'ai en tête l'Accro du shopping, la Julie de Gilles Legardinier ou encore ma chère Charlotte Lavigne) vivent des galères (comme nous), ne sont pas toujours contentes de leur sort (comme nous...) et finalement s'en sortent (pas forcément comme nous, mais bon...). La recette fonctionne : une fille à qui on voudrait ressembler tellement elle est bien dans ses baskets et à qui il arrive des "embêtements" (pour ne pas dire des em****), et un happy end au terme de péripéties empreintes de situations cocasses qui nous font bien marrer.
Aujourd'hui c'est la crise, on ne sait pas trop où on va, ce qu'on va faire, ce qu'on peut se permettre ou non dans la vie, et là on nous offre sur un plateau la projection d'une vie qu'on voudrait toutes avoir (avec ses em**** aussi, sinon on serait chez les Bisounours, et fi de l'identification dans ce cas). Et c'est vraiment ça qui est à l'oeuvre : l'identification, dans tout ce qu'elle a de plus rassurant : une héroïne pas parfait, qui nous ressemble un peu, et qui surtout réalise ce que nous n'osons pas imaginer pouvoir réaliser. Au prix de quelques désagréments certes, mais elles y arrive! Ces héroïnes nous sécurisent tout en nous offrant un point de vue optimiste sur la vie et surtout l'avenir. Avec du culot, on peut tout avoir. Voilà ce qu'on y apprend. Et c'est précisément de ce genre de messages que l'on a besoin aujourd'hui je pense.


En plus (et je tiens cette remarque de Keisha, merci à elle!), quand comme moi on ne regarde pas beaucoup de films (tout en allant au cinéma avec chéri voir les blogbusters qui bourrinent !), on est servies. Rien de plus agréable que de se glisser sous la couette avec ces romans où chaque page est une séquence haute en couleurs, qui nous rempli le coeur de baume au chocolat et nous colle des licornes dans les yeux. On passe toujours un super moment, on ressent plein d'émotions, on s'identifie à bloc, notre estime de nous-même est réhaussée parce que ces nanas y arrivent, ... et ça fait du BIEN !!

Tout ceci nous interroge finalement sur ... pourquoi lire ? Et pourquoi lit-on ce qu'on lit ? Qu'est-ce que nos lectures nous révèlent de nous-mêmes et de nos aspirations ?
Ahlàlà j'aurai réussi à lier dans une même page littérature de gare et philosophie de comptoir... Mais n'est-ce pas ce vers quoi le monde arrive ? L'entremêlement de tous les styles ?
Bon je me tais, il se fait tard, et puis mon roman chick-litt m'attend.
Keep calm and read chick-litt.

dimanche 14 décembre 2014

Complètement crâmé

Forte de ma bonne expérience de lecture avec le premier roman que j'ai lu de Gilles Legardinier Demain, j'arrête, je me suis lancée avec circonspection mais non sans espoir dans celui-ci. D'emblée l'histoire m'intéressait moins, mais je me suis dit que c'était tout de même le genre d'histoire que j'avais envie de lire à ce moment là. Une histoire simple, légère, et pleine de bons sentiments. Sans oublier l'humour.
Je ne sais pas ce qui m'a plu dans ce livre, mais je n'avais pas envie d'en sauter les pages. Pourtant à chaque fois je me disais : l'humour du personnage principal est vraiment nul, il est pas drôle, pourquoi je continue à lire ? En plus tout ce qu'il se passe est ridicule, prévisible, on se croirait chez les bisounours...
Mais je gardais je ne sais pourquoi ces pensées à distance, et me laissais bercer par le rythme de ce livre ultra optimiste. L'histoire commence assez mal, le personnage principal avance dans la vie avec ses douleurs et cherche à changer de vie en partant vivre en France, en tant que majordome. Dans la belle demeure de sa nouvelle employeuse, il va rencontrer plusieurs personnages dont la vie va changer. Ils vont se donner la force d'évoluer au contact les uns des autres. Certes c'est très édulcoré, les situations sont hyper-romanesques (voire niaises...) mais j'y ai pris plaisir, et n'avais pas envie de le lâcher. 
J'ai surtout été touchée par les talents de résilience de Blake, le personnage principal, et puis par sa capacité à amadouer même la plus rétive des cuisinières et le plus ours des garde-chasse. Certes il est extrêmement intrusif avec ses amis, il se mêle de tout, essaie de tout arranger, c'est presque agaçant... mais ça marche ! C'est vraiment un roman anti-crise, que j'ai d'ailleurs acheté à ma grand-mère pour Noël.

Ceci étant, malgré mes éloges, je pense que c'est le genre de livre qu'on doit lire quand on en a vraiment envie. Nombre de personnes m'ont dit ne pas avoir du tout accroché, et je dois dire qu'il y a quelques mois, jamais je n'aurais ouvert un livre de ce genre. Mais les choses changent, j'ai plus envie de me distraire que de me dire que j'ai lu un grand classique. Cela ne m'empêche pas ceci dit de penser à la littérature, et c'est encore mieux quand c'est fait par d'autres, comme dans la dernière émission de La Grande Librairie à propos des 20 livres qui ont changé la vie des Français. j'ai passé un excellent moment à écouter cette émission, et me suis bien sûr moi-même posé la question du livre qui a changé ma vie... et je pense que c'est ceux de Marcel Proust, surtout le Contre Sainte-Beuve et le premier tome de la Recherche. Tout ce que pense Proust de la littérature et son rapport à la mémoire ont toujours fait écho en moi. En parallèle il y a Nerval et Modiano, mais c'est parce qu'ils ont un peu le même rapport au souvenir.

Ah oui autre chose encore : ce roman résout le mystère de ces couvertures avec des chats ! En fait il s'agit d'un des personnages importants du livre :). Par contre ce n'est pas un personnage à proprement parler dans Demain, j'arrête, mais il est question de chats aussi. Finalement ces couvertures colorées et félinement clownesques donnent le ton des livres : mignon et plein d'humour. 

Dernière remarque du jour : Comme vous avez pu le remarquer, j'ai exprimé mes incertitudes de lecture du moment. A la place d'une couverture de roman, c'est bien un nuage de points d'interrogation qui a pris la place de la "lecture du moment". Pourtant j'ai essayé plein de livres : Le problème Spinoza, qui m'avait bien emballée sur le coup, j'ai même dépassé la 100 ème page, mais je me suis lassée je crois de trop de considérations religieuses (et le manque de temps pour lire a joué également, puisque j'ai toujours du mal à continuer un livre dont je ne parviens à lire que quelques pages par jour... J'espère m'y replonger quand le moment sera propice). Ensuite j'ai commencé Il Neigeait, que j'avais prévu pour le Challenge Cold Winter, et n'ai pas accroché. Autant j'avais adoré il y a dix ans, autant là le style de l'auteur m'a déçue. Je suis donc en train d'entamer un autre roman prêté par une amie, Acide Sulfurique. Je verrai bien quelle sera sa résistance à ma sieste digestive du moment.
Parce que je suis bien d'accord avec Sartre : la vie d'un lecteur est fait de périodes de "boulimie et de lentes siestes digestives". Et je suis dans la deuxième phase en ce moment... qui ne saurait durer ! 

dimanche 30 novembre 2014

Vie de cour

Vivre à l'époque du faste de Versailles... rêve ou cauchemar ?

C'est la question qu'on peut se poser, au vue des clichés véhiculés dans les manuels d'Histoire et à la télévision. Mais qu'en est-il ? Deux livres m'ont permis de débrouiller un peu l'affaire... 

La vie à l'époque de Louis XIV et encore après lui m'a toujours intriguée. Ces histoires d'étiquette, de faux-semblants, de théâtre social et de stupidité dissimulée font ressortir des facettes de l'homme qu'aucune autre époque n'a pu mettre en lumière. Etre un aristocrate à cette époque était presque pire que de vivre à la campagne en ne lavant ses vêtements qu'une fois par an. Non seulement on était sale aussi, mais on devait paraître propre et apprété. On se couvrait donc de parfum et de vêtements plus encombrants ou presque que les armures du Moyen-Age. En plus de cela, on ne pouvait être soi-même, sauf peut-être dans ses rêves... Tout le monde regardait et surveillait tout le monde. Le témoignage le plus pertinent et surtout sans langue de bois de tout cela sont sans doute les Mémoires de Saint-Simon à la plume acérée. Ce que j'ai beaucoup aimé dans les deux livres que j'ai lus, (et dont il va bien falloir que je parle au bout d'un moment !) est qu'ils faisaient souvent des liens et des références à l'ouvrage de ce sans-coeur de duc frustré (frustré parce qu'il voyait peu à peu les simples mortels, sans titre, accéder aux prérogatives autrefois réservé aux dignes descendants des nobles familles, comme pour les postes de ministres par exemples. La reconnaissance des bâtards du roi aura été le coup de grâce pour son ego ducal). 

Le premier d'entre eux est Le Roi Soleil se lève aussi, de Philippe Baussant. Je l'avais déjà lu il y a quatre ans environ, et avait d'ailleurs posté un article à son propos sur mon ancien blog. Je m'y suis replongé avec autant sinon plus d'intérêt. La forme de l'ouvrage est intéressante puisqu'il s'agit pour l'auteur de gloser à partir des diverses étapes de la journée de Louis XIV. Les digressions sont nombreuses mais on ne perd jamais le fil. Le ton est léger mais le contenu documenté et précis. L'auteur bat en brèche les préjugés que l'on peut avoir sur cette période fastueuse, en nous montrant que la vie de roi n'a rien d'une sinécure : toujours se lever à la même heure, toujours suivre les mêmes rituels, et surtout toujours tout faire comme un personnage de théâtre observé par son public. Aucune liberté, que de la mise en scène, et ce jusque dans les affaires les plus intimes (sauf peut-être dans les alcôves, fautes de caméra infra-rouge sans doute). Tout se voit et tout se sait. Terrible vie ...
J'ai cette fois aussi énormément apprécié les sources à la fois historiques et littéraires de l'auteur, et son talent à convoquer chacune au bon moment. Ainsi il nous explique par exemple que ce que nous raconte Molière à propos des médecins de cette époque de charlatans n'est que trop vrai ...
Un excellent moment de lecture, encore une fois je l'ai lu très vite, et encore une fois avec un immense intérêt. C'est vraiment une pépite pour découvrir l'Histoire sans en passer par d'obscures essais.  

Quelques jours après, forte de mon intérêt pour cette époque de la royauté, je suis tombée sur le livre de Chantal Thomas dernièrement sorti en poche : L'Echange des Princesses
Je ne savais trop à quoi m'attendre, mais un livre sélectionné pour le Goncourt et qui traite de l'Histoire ne pouvait que me tenter. Je m'en suis donc emparé un matin pour ne le quitter que deux jours plus tard. Je l'ai vraiment lu d'une traite.
A quoi peut bien être dû cet engouement me direz-vous ? Sans doute au talent de romancière de cette historienne, qui elle aussi a su allier fiction et précisions historiques. Le thème en lui même n'y est sans doute pas pour rien : il traite des mariages forcés de la propre fille du Duc d'Orléans, Mademoiselle de Montpensier, princesse des Asturies, avec l'héritier du trône d'Espagne, et de la très jeune soeur de celui-ci, L'Infante (trois ans et passionnée de poupée) avec le futur Louis XV, alors âgé de 11 ans. Tout ça pour que la paix règne entre les deux pays... C'est bien utile la paix, mais on n'imagine pas la profondeur du sacrifice intime des quelques malheureuses victimes. 
L'intérêt du livre tient aussi dans la narration en dyptique et en alternance des deux existences des princesses, l'une qui peu à peu devient folle et nymphomane, et l'autre qui, en plus de ses poupées, se met à adorer son mari. Mais à trois ans, peut-on être aimé d'un adolescent ? La petite Infante est touchante dans sa naïveté et dans l'énergie dépensée à plaire à la cour et à son roi. C'est d'ailleurs tout l'inverse qui se produit en Espagne : la princesse des Asturies, bien que dans les bonnes grâces de son mari (lequel demandait d'ailleurs à corps et à cri son portrait avant même de la rencontrer, et pas pour les dévotions romantiques qu'il prétendait lui accorder...), ne se fait pas du tout à la vie de la cour espagnole et sombre peu à peu dans des déviances névrotiques et perverses assez effrayantes... Deux faces d'une même médaille, vouée à la destruction. 
L'auteur a du jongler avec ces deux personnalités totalement bridées par l'étiquette, ne pouvant exprimer leurs aspirations profondes. Cela a conduit la très jeune infante au repli, et la fille de Philippe d'Orléans à la folie. Pour survivre dans ce monde, il faut parvenir à aliéner son naturel à l'intérieur de soi aux prix de grandes souffrances intimes. Mais si l'on n'en a pas la force de caractère, il peut arriver que les barrières explosent et que, telle une hernie mal soignée, le naturel putréfie ne répande son fiel... 
Le pire dans toute cette histoire, c'est que ce ne furent que souffrances et destructions inutiles, puisque jamais on ne parvint à faire de ces victimes expiatoires les "ventres à héritiers" qu'on attendait. Le fiasco de l'entreprise a été d'autant plus difficile pour les enfants que justement, elles n'étaient que des enfants ! A l'époque ils étaient considérés comme des "adultes en miniature", mais quand on voit à quel point la psychologie infantile influe sur le reste de l'existence, le sort de ces deux-là semble encore plus terrible...

Bref, la chair à canon n'est pas toujours celle qu'on croit, et même en temps de paix beaucoup de mal peut être fait. Les 17ème et 18ème siècles à la cour, avant la Révolution, regorgent de ces exemples de sacrifices de l'humain au profit de l'étiquette, et c'est ce qui me révolte et me fascine à la fois. 

samedi 29 novembre 2014

Retour d'ado lescence

  Ces temps-ci j'ai souvent envie de romans légers, sans prise de tête et qui se lisent vite. 

J'avais lu un jour, dans plusieurs copies de mes chers petits élèves, le titre Coeur Cerise. Ils (et surtout elles, soyons lucides !) avaient l'air d'adorer puisqu'il est revenu plusieurs fois. Je me disais que j'allais leur demander de me le prêter... et puis finalement j'ai oublié, mais voilà que je tombe dessus, en format poche, dans le carton magique des nouveautés fraîchement arrivées au CDi. Je l'emprunte donc en avant-première, avec l'accord de ma collègue (mais j'ai plus de 11 ans donc ça va, elle me le donne (ouf!)). 
Je me suis dit au début que ce serait sûrement assez culcul, mais finalement je me suis laissée emporter par l'histoire de Cherry, jeune fille orpheline de mère et qui va habiter dans la maison de la nouvelle fiancée de son père. Cherry se sent forcément mise à part vue cette histoire personnelle difficile. L'affaire se corse puisque la fiancée en question n'a pas moins de ... quatre filles... Il va donc falloir que Cherry s'intègre dans cette grande famille, elle qui a toujours eu du mal à se faire des amis. Toutefois, malgré quelques heurts, tout se passe plutôt bien (on est dans un roman pour la jeunesse quand même !). 
Ceci dit les heurts ne sont pas si minimes, puisqu'ils concernent un amour interdit et la trahison d'un parent (sans oublier que Cherry n'a plus sa maman, mais un papa formidable). Des sujets délicats mais traités avec une certaine légèreté (sans pour autant être trop culcul). Certes l'histoire de la fête du chocolat (qui a donné son nom aux filles, les "filles au chocolat") est un peu ridicule, mais le reste est plutôt convaincant. Cherry est très attachante bien que les personnages ne soient pas d'une grande profondeur, et c'est à cela, selon moi, que tient la réussite de ce court roman. 
Un bon moment de lecture. Je ne pense pas tout faire pour me procurer la suite, mais si Coeur Guimauve (dont j'ai lu les premières pages à la fin de l'édition de poche de Coeur Cerise) me tombe sous la main, je m'y plongerai sans doute volontiers ! 

Un autre point important en faveur de ce roman : sa couverture ! Elle est vraiment mignonne et donne envie. Surtout en petit format de poche (les grand format, avec la taille de police pour myopes, est selon moi un peu rebutante). Je l'ai donc prise en photo, et y ai ajouté mon super marque-page girly en pâte Fimo et crosse de bergère glamour offert par ma maman. Son cup-cake rose colle parfaitement avec cette couverture à croquer.


 

Le marque-page idéal pour compléter ce livre :p. 

mardi 11 novembre 2014

Lectures de week-end, de vacances et de pluie

Ma liste de livres lus s'allonge, et je ne poste toujours rien. Je vais profiter de cette journée de commémoration pour faire moi aussi un bilan.
Les vacances de la Toussaint m'ont donné l'occasion de lire plusieurs livres, assez courts dans l'ensemble. Ces derniers temps j'apprécie la simplicité et la rapidité de lecture, sorte de zapping divertissant. Cela permet aussi d'alterner romans légers et autres plus profonds (quoi que j'aie laissé de côté les classiques depuis quelques mois, sauf pour mes chers élèves). Voici donc le résultat de mon zapping

La vie d'une autre, Frédérique Deghelt

J'avais été plutôt déçue il y a de cela quatre ans par son autre roman, La Grand-Mère de Jade, que j'avais jugé un peu niais. J'entamais donc ce livre avec quelques réticences, me donnant l'autorisation de le laisser de côté si jamais je ressentais ne serait-ce qu'une once de déception. 
A peine ouvert que j'avais lu 50 pages ; je vous laisse juge :).
J'avais chaque fois hâte de découvrir ce qui allait arriver à cette jeune femme qui voit disparaître de sa mémoire 12 années de sa vie, comme on passerait 200 pages d'un long roman. Elle se retrouve dans les bras de son amant Pablo, comme amnésique, alors qu'il est devenu son mari. Deux enfants se jettent sur elle ; ce sont les leurs. Voilà sa vie. Mais elle n'a pas oublié qu'elle a oublié, et c'est là que ça se complique. Elle est la même mais sans les ravages du temps. Une chance finalement, elle a pu laisser son passé derrière elle, mais le fait de ne pas comprendre ce qui lui arrive, de ne pas connaître la joie de la vie à deux ou celles de mettre ses enfants au monde lui manque. Peu à peu on comprend avec elle ce qui a pu la pousser inconsciemment à tout oublier (processus quasi surréaliste, on en convient dès le début, quoi que je ne me serais pas autorisé à utiliser l'adverbe "quasi" à ce moment là... On se prend finalement au jeu et on admet qu'oublier a tout de même du bon). 
Pour la référence au titre, c'est bien la vie d'une autre qu'elle prend en main, mais ça reste tout de même sa vie puisqu'elle a conservé son identité. Elle a juste oublié les moments les plus intenses et les plus déterminants de ce que sera son existence, et en définitive ce n'est pas plus mal quand ce sont les plus douloureux. Après la frayeur liée à l'étrangeté de ce qui lui arrive, l'héroïne (et nous-même) comprenons la chance qu'elle a de revivre sa vie. 

En trois mots : psychologie, suspense et sentimentaliste (mais sans trop de niaiserie). 

Lennon, Foenkinos   

Grâce à ce roman bien mené et bien écrit, j'en ai beaucoup appris sur la vie de ce Beatles, dont je ne connais finalement que quelques chansons. Le précédé est intéressant, je m'attendais cependant à ce que le psy prenne la parole mais non, finalement c'est le monologue de Lennon lui-même, qui revient sur les choix de son passé et ce qui l'a forgé. Il parle beaucoup de sa mère et de son abandon, qui selon lui expliqueraient les difficultés de sa jeunesse (et ses affres de star). L'analyse est donc très psychanalytique, sans que le psy n'ait prononcé un mot (ou en tout cas, on ne le sait pas). 
J'ai lu ce roman très vite et ce fut un vrai plaisir. Jamais je n'aurais ouvert une biographie de John Lennon en d'autres circonstances, c'est donc une forme intéressante. 

En trois mots : original, captivant, bien mené



Confessions d'une accro du shopping, Sophie Kinsella

Je voulais lire quelque chose de léger, pas prise de tête, et je me suis rendue compte avec Demain, j'arrête que la chick-litt était l'idéal pour cela. Je me suis donc empressée de me procurer l'archétype du genre : l'accro du shopping.
Je n'ai pas été déçue. On lit vite, on imagine aisément tout ce qui se passe, on s'identifie (plus ou moins), et surtout on passe de bons moments. C'est le genre de livre réconfortant qu'on est content de retrouver dans son lit le soir ou sur le canapé le week-end. Il vaut toutes les émissions débilitantes du monde, la débilité passive en moins. Une excellente alternative pour celles (et ceux) qui attendent du plaisir et de la détente à la lecture d'un roman. Petit plus non négligeable : on rit de la naïveté candide de l'héroïne, et c'est rare que je ris en lisant un roman.
On rit parce que Becky ne sait pas gérer son budget, qu'elle dépense toujours plus, qu'elle a le don d'oublier ce qui la dérange et de se retrouver dans des situations toutes plus abratabrantesques. 

En trois mots : divertissant, frais et rigolo. 


Un secret, Philippe Grinbert

J'ai dévoré ce roman. J'avais déjà vu le film (d'ailleurs deux des livres dont je parle supra ont également été adaptés, mais je ne les ai pas vus) mais le roman est encore meilleur. L'histoire du narrateur est très émouvante, et commence à la manière proustienne : "Fils unique, j'ai longtemps eu un frère". D'emblée le lecteur est happé par le secret que le petit garçon ressent au plus profond de lui. Malingre et chêtif, il va lutter toute sa jeunesse avec ce frère robuste et plein de vie, à l'image de son père. Jusqu'au jour où Louise, la voisine et amie, lui raconte tout. 
Encore un récit sur l'holocauste, mais à travers l'histoire (quasi autobiographique) d'un petit garçon qui a souffert d'un énorme secret de famille. On en découvre avec lui un peu plus à chaque page, on est ému et tenu en haleine. C'est un très grand roman, primé par la Goncourt des Lycéens. Le thème  principal lié au contexte historique est fort, mais celui de la peine d'enfance l'est peut-être encore davantage. 

En quelques mots (s'il est possible...) : émouvant, captivant, envoûtant, désarmant, ... 
C'est pompeux tout ça, mais c'est vraiment un grand livre. 

jeudi 30 octobre 2014

Demain, j'arrête (enfin pas sûr !)

Je ne crois pas que je vais arrêter de lire ce genre de bouquins finalement...
J'étais un peu perplexe, même carrément réticente au début. Je me disais que c'était presque comme lire du Musso, sans style et sans intérêt (je ne vais pas casser davantage de sucre sur le dos de ce cher Guillaume, adulé de mes lycéens, mais bon...). Quand je voyais ces romans à la couverture bizarre et bigarrée, avec un chat étrange dessus, et mal fagoté, je me disais que jamais ô grand jamais je ne lirais ça ... et puis finalement, après en avoir entendu beaucoup de bien de mes élèves (bon ok ils adulent Musso mais bon... encore une fois, mais bon...) je m'y suis intéressée, et je me suis dit que c'était le genre d'histoire que j'avais envie de lire maintenant. Je garde un super souvenir de Charlotte Lavigne, et je me suis dit que l'héroïne de ce roman en avait un grain aussi. J'ai regardé des critiques sur Internet (oui chez moi lire un livre c'est un peu comme choisir une banque ou un hôtel, ça engage !), j'ai écouté des interview, et ce qui ressortait était la légèreté de ce roman "pas prise de tête" et "anti-crise". J'avais besoin d'une bouffée d'air alors je me suis lancée et je l'ai même acheté !
PS : Je dois vous avouer que j'ai acheté la version bonnet péruvien (fidèle à l'histoire) mais je trouve le chat de Nowel plus mimi :). 

J'ai lu le début d'une traite, avec beaucoup d'enthousiasme. J'ai vraiment eu ce que je voulais, c'est à dire une histoire distrayante avec une héroïne un peu folle et attachante. Bon l'histoire d'amour est un peu simple, les stratégies de Julie pathétiques, mais c'est tellement pathétique qu'on en rit, et l'ensemble est très "frais" comme on dit. Bref on ne se prend pas la tête et on imagine facilement tout ce qui se passe. Il n'est pas forcément évident de se mettre à la place de l'héroïne (enfin dans mon cas) mais sa vie est amusante et il lui arrive des embêtements comme à tout le monde. Ce n'est pas non plus une blonde écervelée, elle a aussi ses névroses et les casseroles du passé. J'ai trouvé ces moments un peu pathos mais bon, ça lui donne plus d'humanité. Par contre j'ai bien aimé les passages où elle va courir pour plaire à son coup de foudre, et encore plus les passages à la boulangerie, où elle évoque ce qu'elle ressent à rendre service à tous ces gens qu'elle rencontre. Coup de chapeau d'ailleurs à l'auteur, qui a su se mettre à la place d'une femme avec un certain talent !

Par contre certaines aventures étaient vraiment invraisemblables et proches du ridicule, mais on se laisse porter. Heureusement que les pages se tournent vite. Le dénouement est lui aussi assez ridicule voire absurde mais il n'empêche qu'on a passé un bon moment. 
Le prochain dans le genre "chick-lit" ("littérature de poulette", pas super valorisant mais bon, j'assume !), avec dans ma PAL  l'Accro du shopping

J'avais comparé ce livre à la série des Charlotte Lavigne, mais le dernier est d'une qualité narrative plus grande, et Charlotte est plus fouillée que Julie (en même temps Julie a été crée pour un seul tome). Les aventures de Charlotte sont d'une grande intensité au regard de certains épisodes vraiment culcul de ce roman girly. 

Dans le style roman "feel-good" et pas prise de tête, j'ai aussi lu Cinquante Nuances de Grey. Bon c'est pas tellement feel-good dans le sens coolosse, mais c'est sympa à lire. Les scènes ne sont pas si torrides, on peut reprocher à l'héroïne d'être vraiment culcul (surtout dans le tome 1) et à l'ensemble d'être un peu trop pathos-love style feux de l'amour, mais l'histoire et les rebondissements sont plaisants. On passe un bon moment et les pages se tournent vite (argument de poids pour le roman pas prise de tête. Pour moi, ce genre de bouquin remplace un film). Il me reste encore le tome 3, suspense ! Je le garde pour un moment de désespoir littéraire. 

Je vais mieux, Foenkinos

Je vais mieux, David Foenkinos

Ce roman me semblait plutôt joyeux, rigolo, sans prise de tête, et je ne me suis pas trompée. Au début l'histoire du mal de dos peut sembler un peu banale, on peut s'attendre à ce que ça dégénère mal et puis voilà. On s'enlise avec le narrateur dans des expectatives diverses sur les causes de ce mal qui évolue vers le pire, on consulte avec lui, on souffre presque avec lui, pour finalement admettre (avec lui !) que tout ceci est d'origine psychologique. En définitive ce n'est pas une histoire de mal de dos à laquelle on a affaire, mais à une histoire de résilience. Le titre est d'ailleurs intéressant, puisqu'on peut envisager un mieux être physique ou morale, et cette polysémie résume finalement le livre. 

Le rythme du roman est plutôt sympa avec les chapitres qui débutent en nous donnant l'état d'esprit du narrateur et l'intensité de sa douleur sur une échelle de 1 à 10. On peut alors s'attendre à ce que le chapitre soit tragique, drôle, agréable ou pathétique, et c'est un aspect qui m'a bien plu. Parfois le chapitre ne tourne pas du tout comme on s'y attendait et c'est encore plus plaisant. On est mené (et parfois malmené) comme le narrateur l'est par sa douleur. 
Puis vient le moment de la résilience, où le narrateur envoie promener les choses qui l'empêchent d'avancer. Des choses du quotidien, la famille, la femme, le téléphone,... La douleur lui a permis de voir les choses d'une manière nouvelle. Ce roman illustre avec un certain succès le pouvoir de l'esprit sur le corps. Cela me fait penser à Histoire d'un corps de Pennac, qui avait mis le corps, haïssable, au centre d'un roman. 

J'ai bien aimé ce roman, que j'ai lu plutôt vite. Les pages se laissent tourner rapidement, on a envie de savoir ce qui va arriver au personnage (et à ses douleurs). Peut-être pas le meilleur de cet auteur, mais une manière originale de traiter un sujet assez commun (le changement de vie, tout va mal et on fait table rase). 

mercredi 22 octobre 2014

La Chine et l'Académie

L'éternité n'est pas de trop, François Cheng

Ce roman très poétique raconte l'histoire d'un moine chinois tombé amoureux d'une jeune fille entraperçue alors qu'il n'avait que 20 ans. Cette rencontre fugace a à jamais conditionné sa vie et ses pensées, le retenant de s'engager plus avant dans les traditions bouddhistes et taïoistes. A la fois médecin et devin, il sillonne les routes de montagne pour venir en aide aux miséreux tout en cherchant cette femme. 
L'amour est considéré dans son essence la plus pure et la plus absolue. La passion qui unie les deux personnages est profonde, spirituelle, extraordinaire. Elle a l'éternité pour durer. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, tout en finesse, un peu comme les peintures sur les porcelaines chinoises. Le style et le thème sont bien en lien, puisque tout est extrêmement profond, mais en même temps fin et vaporeux. On a un peu l'impression de vivre un rêve, même si l'auteur nous montre les aspérités du quotidien chinois au XVII ème siècle (la pauvreté, le protocole, les traditions, ...). J'ai beaucoup aimé cette lecture, pas toujours facile ceci dit dans la mesure où l'écriture est assez poétique, imagée voire philosophique. Ceci est justifié par le fait que le personnage principal soit moine. L'amour est alors vécu comme une ascèse. 

Un petit aperçu :
Ce qu'a dit l'étranger devait être vrai : lorsqu'on l'a prononcé, l'être aimé ne mourra plus, et l'on pourra alors considérer sa propre vie sans regret. Même si les deux qui s'aiment ne se voient qu'un instant par jour, même si durant cet instant, ils ne peuvent se toucher ni se parler. Oui, il est permis tout de même de s'estimer heureux, si l'on parvient, s'appuyant sur le shen, à faire résonner une fois les mots qui, de toute éternité, attendent d'être dits.

J'étais contente de découvrir cet académicien peu médiatisé, et dont l'oeuvre gagne vraiment à être connue. En plus, la couverture de celui-ci est vraiment jolie je trouve.

Challenge Cold Winter chez Et-en-plus-elle-lit



Je vais me lancer dans mon premier challenge de bloggeuse littéraire. Un grand moment !
Le but est de sélectionner des romans dans sa PAL et de les lire avant le 28 février 2015. Selon le titre du Challenge, ce serait bien que ce soient des romans dont le thème est l'hiver mais... ça n'est pas toujours évident, et puis j'ai vu qu'on pouvait prendre des libertés donc ...

Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le blog de Dolorès.


Ma liste :  0/4

- Esprit d'hiver, Laura Kasischke (en plein dans le thème, ouf !)
- Quand rentrent les marins, Angela Huth (dédicace à Dolorès, et puis il se passe en Ecosse, pays du froid!)
- La classe de neige, Emmanuel Carrère
- Il neigeait, Patrick Rambaud

Je pense que je la rallongerai d'ici là, si je trouve des romans qui m'inspirent davantage l'hiver.
Sinon je crois que j'ai un peu triché car j'ai commencé le premier de la liste... c'est grave ?



samedi 18 octobre 2014

Epitaphe aux livres abandonnés

Oui, il arrive que j'abandonne des livres... et c'est souvent des abandons en chaîne... 
Je n'aime pas ces périodes; je me sens instable, troublée. Il n'y a rien de mieux que de savoir qu'on a un livre qui nous attend, un sûr moyen de détente dans le canapé ou sous la couette... Pour finir une dure journée de cours et une soirée de copies, il n'y a pas havre plus agréable. Mais parfois les livres ne sont pas au rendez-vous, ou mes choix n'ont pas correspondu à mes envies du moment...
 Je ne sais pas si cela vous arrive aussi, mais selon la période, mon état d'esprit ou même le temps, je n'ai pas/ plus envie de lire certains (types de...) livres. Pour vous donner un exemple, une expérience récente avec un roman que j'avais adoré il y a quelques années : Les Mandarins de Simone de Beauvoir. Je me faisais une joie de le relire pour ressentir à nouveau les émotions et revivre la boulimie des pages à laquelle je m'étais laissée aller lors de ma première découverte. Je me souviens, je ne le lâchai pas et m'enfilai avidement jusqu'à 200 pages par jour... surtout lors de mes voyages en train. Forte de ce souvenir roboratif, je me suis débrouillée pour récupérer mes deux exemplaires (500 pages chacun, des mastodontes), je les ai rêvés, attendus, retrouvés, humés même (j'avoue, j'adore l'odeur des vieux livres jaunis!) et enfin ouverts... Délice des premiers mots et puis... ennui, incompréhension. Je n'ai pas ressenti ces sentiments de reconnaissance, d'avidité, de curiosité insassiable à l'égard des personnages si proches, de Simone, Jean-Paul Sartre et les autres. Pourtant ils n'avaient pas disparus, c'étaient bien leurs noms, leur histoire, mais la magie n'était plus là. 
C'est étrange ce pouvoir des livres. Ils peuvent agir sur nous comme des coups de tonnerre, presque des coups de foudre (nous faire dire "Ah oui c'est ça, j'ai enfin compris !" ou "Je le savais mais là, c'est formulé comme jamais je ne serais parvenu à le faire"), et le même livre, à une autre période, nous laisser dans un état pire que l'état de glaçon, puisqu'il nous laisse dans l'indifférence. Je n'ai même pas ressenti de déception finalement, puisque j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un autre livre. J'ai eu beau feuilleter, tourner les pages, aucune étincelle ne revenait...
Peut-être est-ce dû au fait que j'ai digéré ces aventures de Simone, surtout après la lecture du superbe Beauvoir in Love... 
Quoi qu'il en soit, voilà bien un phénomène étrange et déroutant : l'écho du livre dans un moment de vie...

Comme je ne vois pas vraiment comment parler de ce phénomène là, je vais essayer de vous parler des livres que j'ai abandonnés, et d'expliquer mes raisons (si tant est que ce soit possible, puisque c'est presque de l'ordre de l'inconscient psychédélique !)


Il y a d'abord eu L'appartement témoin de Tatiana de Rosnay. C'était le dernier de cette auteur en ma possession, et j'avais envie depuis un moment de m'y attaquer. Je dis d'ailleurs m'y attaquer, comme s'il s'agissait de clouer la proie au sol et d'en goûter un morceau du bout des dents, pour en tester la saveur... Finalement, c'est un peu ce qui s'est passé... J'avais d'ailleurs un peu triché puisque j'avais lu quelques bribes de pages il y a quelques temps, et me souviens avoir abandonné. Il ne me correspondait pas à ce moment là. Je m'y suis donc à nouveau attaqué quelques mois plus tard, d'une manière quasi méthodique puisqu'il s'agissait d'évaluer l'intérêt de ce premier roman par rapport aux autres que j'ai lus d'elle. Il y avait aussi, derrière tout ça, l'envie de retrouver l'univers des murs que Tatiana de Rosnay sait si bien mettre en place, et qui m'interpelle toujours. Bref, plusieurs raisons d'attaquer. 
J'ai mordu à pleines dents; c'était agréable, pas mauvais, un peu fade.... J'ai tenu plus de 50 pages, avec enthousiasme. Mais c'était de plus en plus fade... trop fade... et puis saturé de déjà vu... des fantômes, une relation père-fille trop limpide, un personnage limite niaiseux... Les idées de l'auteur en gésine, et manquant vraiment de piquant... 

J'ai donc abandonné ma proie... pour l'ombre (magnifique transition, et ce n'était pas prémédité !)

 On m'avait recommandé L'ombre du vent de Zafondepuis très longtemps. Je me souviens d'une collègue qui me disait être pressée de rentrer chez elle pour poursuivre une lecture que je supposais passionnante. Lorsque je lui avait demandé de m'éclairer sur les raisons de son engouement, elle m'avait vaguement évoqué l'histoire d'un enfant, de livres et d'une espèce de magie... A l'époque, férue de classiques, j'avais directement relégué l'ouvrage au ban de la littérature de distraction, presque du roman de gare. Pas pour moi donc. Et puis, quelques années plus tard, sortie de ma période "snobisme littéraire" et "Je veux connaître les classiques d'abord", je me suis à nouveau intéressée à ce roman, dont j'avais encore entendu du bien entre temps. Et un roman d'apprentissage autour des livres a forcément allumé un certain intérêt. Je l'ai donc pris dans la bibliothèque de maman.
Un indice aurait dû, dès cet instant, me mettre sur mes gardes : il était coupé d'un marque page... à la page 275... Maman m'a avoué ne pas avoir pu continuer. D'autres livres à lire, qui lui plaisaient plus... Cela aurait vraiment dû me mettre la puce à l'oreille...
Sur le moment, cela ne m'a pas empêchée de le commencer, avec un certain enthousiasme. J'étais contente de voir que l'écriture est fluide sans être trop "facile"; c'est de la littérature. De plus les personnages sont attachants, l'intrigue plutôt intéressante (le cimetière des livres oubliés, une histoire d'amour, du suspense, ...). Mais au bout de 150 pages environ, alors que je pensais justement continuer, j'ai ralenti le rythme.
C'est souvent ce qu'il se passe avec les gros livres : je commence fort, entre 50 et 90 pages d'un seul coup, et puis après je m'essouffle. C'est toujours comme ça (ou presque). S'il n'y a pas dans le livre un petit quelque chose, un petit plus qui me permette de repartir sur un bon rythme, je flirte avec l'abandon. Parfois je cède; comme ici. Il n'y a pas eu ce petit rien qui fait que je continue avec enthousiasme. C'est même l'inverse qui s'est produit, puisque je me suis sentie étouffée : trop de personnages, trop de descriptions, trop de faits étranges et d'embroglio dans les pages. Dans une course d'endurance, manquer d'air n'est même pas fatal, c'est carrément la fin.
J'ai donc abandonné ce roman, avant la page 200. Maman aura eu plus de souffle que moi.

En mémoire de ce livre, j'avais donné comme titre à mon article "cimetière des livres oubliés", mais finalement j'ai trouvé ça trop terrible, presque irrémédiable. Comme si en écrivant un article sur ces trois romans je les enterrais. Or ce n'est pas le cas; je me dis qu'un jour je les reprendrai peut-être ! J'ai donc choisi "épitaphe", pour garder l'idée de mausolée, mais avec une notion d'hommage.


Le dernier roman que j'ai abandonné est encore un gros roman : Le club des Incorrigibles Optimistes de Guenassia. Je suis venue à ce roman parce qu'il fait partie de la liste des romans du Goncourt des lycéens, que je dois connaître pour un travail prévu avec les élèves. Il est assez récent, mais je ne l'avais pas lu, en partie par snobisme encore. Je le confondais avec Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates", que je classais avec Anna Galvalda (que j'avais adoré quelques années auparavant. Heureusement que les goûts changent et évoluent, sinon on passerait à côté de plein d'histoires super!). Je me suis empressée de le trouver au CDI et me suis plongée dans ses 700 pages et quelques, toujours avec un grand enthousiasme et beaucoup d'espoir. C'était en plus une période de disette livresque, et je me disais qu'un livre de cette taille était une manne inespérée. Comme pour Zafon, j'ai dévoré les 100 premières pages, avec le plaisir non dissimulé de retrouver une histoire d'enfance à la manière du Chagrin de Lionel Duroy, que je n'avais jamais abandonné au contraire(ce fut même une course effrénée, de celles qui revigorent). J'étais contente de retrouver un style fluide et une atmosphère fin de guerre qui me plait toujours. Mais le problème est qu'en dehors des histoires du héros, je n'arrivais pas à m'attacher aux trop nombreux personnages. Et puis il y avait trop de notions politiques, et à chaque fois ça me bloque (je ne sais toujours pas pourquoi... mon côté Gandhi peut-être...). J'ai été tentée à un moment de sauter des passages et de m'attacher à ceux qui concernaient Michel... mais ça aurait été passer à côté de l'intérêt du roman, qui est d'allier avec justesse les deux vies, intime et publique. Je le reprendrai peut-être un jour, mais c'est un pavé ... !

Voilà ce que je voulais vous raconter sur les dernières expériences d'abandon ...
Mais depuis j'ai retrouvé un nouveau souffle, grâce à des romans plus simples, plus guillerets, voire un peu décriés (surtout pour une snob littéraire telle que moi !).
Mes prochains articles concerneront donc :
- Le Quatrième mur (or massif au milieu d'une rivière en plaqué)
- Je vais mieux de Foenkinos
- Demain, j'arrête de Gilles Legardinier 

lundi 22 septembre 2014

Qui es-tu Alaska ?

                                                                    Qui es-tu Alaska, John Green 

Comme j'avais été très touchée par Nos Etoiles Contraires, je me suis dit que j'allais me lancer dans la lecture d'un autre de ses romans; j'ai eu bien raison, car j'ai encore une fois été touchée, happée et bouleversée
Qui es-tu Alaska commence comme un roman de jeunesse ordinaire, avec un ado en quête de sens, qui change d'établissement et arrive en internat. Comme souvent quand on est nouveau, le jeune Miles (surnommé Le Gros par antithèse) se retrouve chahuté et bizuté par les autres. Mais ce n'est pas pour lui déplaire en définitive, puisque cela lui permet de se rapprocher d'Alaska, la leader de tous les coups montés fomentés à l'encontre de l'Aigle (le proviseur) et de ses règles. 
Dès le titre on est forcément intrigué par ce personnage, cette jeune fille mystérieuse au nom encore plus étrange, qui focalise l'attention. Pourtant peu de détails nous sont donnés sur elle, ce n'est pas une bimbo, ce n'est pas un bourreau des coeurs, mais une fille vivante, étonnante, qui donne du rythme à tout ceux qu'elle cotoie. D'ailleurs son entrée en scène dans le roman est assez brusque et sans fioritures, à la mesure de ce personnage fascinant et pourtant si humain. 

L'autre mystère du roman réside dans les titres des chapitres, qui sont un compte à rebours. Je n'ai pas été sans soupçonner dès le début le lien avec la passion du personnage principal pour les dernières paroles des personnages célèbres... mais je n'en dirai pas plus au risque de spoiler !

Bref ce roman est un savant mélange entre émois adolescents, volonté de transgression, mais aussi réflexion sur la vie, la mort, l'amitié et l'amour. Roman d'apprentissage et fable à la fois. Il m'a vraiment semblé être happée par cette histoire, j'avais toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qu'il advenait des personnages (ce qui est aisé du fait de la fluidité du style de l'auteur). 

Un très bon roman, mais à ne pas mettre dans les mains des plus jeunes, qui pourraient être très (trop?) chamboulés. 

PS : je n'ai pas lu le roman dans cette collection, mais je trouve que cette couverture illustre parfaitement les thèmes du roman. Celle de la collection de poche, bien que pas mal a posteriori, fait présager davantage un roman d'ado pur, alors qu'il est bien plus symbolique. 

lundi 15 septembre 2014

Mignonne, allons voir

                                                              Rose, Tatiana de Rosnay

Je ne l'avais pas encore lu celui-là; et bien maintenant que c'est chose faite, je me dis que j'étais passée à côté d'un vraiment bon roman. Peut-être le meilleur de Tatiana de Rosnay, selon mes goûts du moins !
L'histoire est assez simple, celle d'une femme de soixante ans qui refuse de quitter sa maison. Celle-ci se trouve en effet dans une rue qui doit être rasée par Haussman pour aménager les grands boulevards. A travers une lettre-roman qu'elle écrit à son mari décédé quelques années auparavant, on découvre la détermination de cette femme, mais aussi, comme souvent chez Tatiana de Rosnay, un lourd secret...

Dans ce roman, j'ai retrouvé les thèmes chers à l'auteur, et qui m'avaient échappés dans les précédents romans lus (depuis Elle s'appelait Sarah) : les murs et leur âme (leur mémoire surtout), et le secret distillé à touches de suspense. Mais ce qui fait pour moi l'intérêt particulier de ce roman, c'est son atmosphère désuette et éminemment historique , au temps de Napoléon III et de Balzac. L'héroïne est une vraie duchesse dans l'âme, mesurée mais fougueuse, toute en retenue mais pleine d'énergie. Rose est une mamie comme on aime en avoir, fragile mais pourtant terriblement forte (cf la fin du roman...). Que d'antinomies, mais c'est pourtant l'idée qui ressort de ce roman). 

Un livre très joli, tout en finesse (comme les roses). Une très bonne lecture, que je conseille vivement à ceux et celles qui auraient été déçus par A l'encre russe (dont le style est extrêmement différent). Tatiana de Rosnay joue avec toutes les cordes, et c'est ce qui rend cette auteur si intéressante !

mercredi 10 septembre 2014

La grâce des brigands

La Grâce des Brigands, Véronique Ovaldé 

J'avais repéré ce roman depuis quelques temps, depuis qu'il était sorti en Poche et qu'il faisait partie de la sélection des lecteurs de Points en fait, mais je n'avais toujours pas osé l'acheter, de peur d'être déçue. Le résumé de la quatrième de couverture ne m'attirait pas tellement, et puis je n'avais lu que Ce que je sais de Vera Candida de cette auteur, et craignait que cet autre roman de lui arrive pas à la cheville. Finalement maman me l'a passé, et je lui fais confiance quand elle me dit qu'un livre vaut le coup. Mais ma réticence avait sa raison d'être, puisque j'ai finalement été déçue...
L'histoire était prometteuse : une écrivaine qui retrace dans ses livres son enfance malheureuse, auprès d'une mère quasie folle et surtout intransigeante, et d'un père étouffé. Le roman commence en réalité lorsque Maria-Christina (l'héroïne) a atteint le summum de la notoriété et qu'elle reçoit un coup de fil de sa mère lui demandant de venir s'occuper du fils de sa soeur (soeur handicapée et sans doute à cause de MC, culpabilité qu'elle portera toute sa vie). Un début très prometteur, avec Abel et Caïn au féminin ! Mais au bout d'une cinquantaine de pages, il commence à il y a voir quelques longueurs quand on nous raconte la rencontre des parents, l'histoire de la famille de la mère puis du père de l'héroïne, et enfin sa prime enfance. En plus le style de Véronique Ovaldé n'est pas de tout repos, les phrases sont longues, haletantes, un peu alambiquées parfois (sans fioritures ceci dit, on n'est pas chez Balzac), mais ça donne l'impression d'une voix qui parle alors qu'elle est essoufflée tout en ayant plein de choses à dire (moi quand j'arrive quelque part après avoir couru parce que je suis en retard ^^). Il faut être un minimum concentré pour lire, alors que l'histoire n'est pas en soi si complexe. Par ailleurs, il y a des titres au début de chaque chapitre, qui ne sont pas de prime abord en lien avec ce que contient le chapitre en question, mais la lecture m'a semblé parfois tellement laborieuse que je n'avais même pas le coeur à chercher les correspondances (ce que j'adore faire pourtant, décortiquer les petits indices que l'auteur a pu semer pour maintenir son lecteur en éveil). Dommage...Ceci dit, peut-être est-ce moi qui n'étais pas assez concentrée ! Hypothèse fort probable puisque passée la première (trois quarts...) moitié du livre, j'ai eu l'impression d'être bien mieux immergée dans l'histoire. Peut-être est-ce une volonté de l'auteur de mettre en phase l'état de MC enfant (un peu pômmée et avide) et l'entrée dans l'âge adulte, difficile mais moins pressant... Enfin je m'égare, je pense juste que je n'ai pas su percevoir les subtilités du roman et puis voilà. Peux mieux faire !
Bref je disais que la fin du roman, quand Maria-Christina s'émancipe, emménage avec Joanne (colocataire étrange, enceinte mais sympa) et rencontre Claramunt (dont on a déjà entendu parler au début), m'a semblée beaucoup plus sympa. Cependant, le style restait un peu lourd, ce qui gâchait par moments le plaisir. Je crois me souvenir que c'était un peu la même chose pour Vera Candida (cf sur ce blog). Je viens de relire mon article sur ce roman justement, et j'étais plutôt ravie ! Mais je parle quand même de la difficulté des premiers chapitres, sans doute était-il difficile de rentrer dans l'histoire à cause du style spécial.
La Grâce des Brigands ressemble moins à un conte que Vera Candida; la réalité y est plus cruelle encore, les lieux existent et le temps est donné : les années 80. On retrouve néanmoins les même thèmes de la fuite, des jeunes mère, de l'amour déçu.

Une petite remarque concernant le titre : je n'ai pas tellement compris cette histoire de brigands... (je crois vraiment que je n'ai quasiment rien compris en fait... soit je deviens vieille et sénile, soit j'ai vraiment mal lu, soit... non non c'est forcément moi, hé ho quand même !)
Alors tout en écrivant je suis allée voir des critiques, et cette phrase me rassure :
La grâce des brigands réussit la prouesse d'être aussi diablement romanesque que diablement poétique. L'écriture de Véronique Ovaldé, sans afféterie et sans facilité, suit le rythme presque organique du récit, avec ses échappées et ses alanguissements. Il s'agit du neuvième roman de l'auteur, après Ce que je sais de Vera Candida et Et mon coeur transparent, plusieurs fois primé. (Marion Cocquet - Le Point du 11 juillet 2013)
Elle a donc bien un style fort particulier, qui suis les méandres et les anicroches des aventures des personnages et du récit. Ouf, je ne suis pas devenue hermétique à la littérature parce que je lis Percy Jackson et Musso (bon Musso c'est juste depuis aujourd'hui, parce que je me suis mis en tête de faire comprendre à mes élèves que ce n'est pas un "grand auteur", parce qu'il na pas de style. Et je crois que j'ai réussi... (en leur disant par contre que c'est un très bon conteur (et heureusement, parce que j'ai cru que les nénéttes de la classe allaient m'étriper sur place !).
Bon revenons à nos brigands... et bien je ne les ai pas vraiment trouvés, parce que personne ne vole rien, ou alors l'amour et la vérité... C'est possible ceci étant, puisqu'on est dans une fable et un texte éminemment poétique (........).

Bref, est-il utile de préciser que j'ai préféré Vera Candida et que je ne remettrai pas de si tôt le nez dans un Véronique Ovaldé ?


mercredi 3 septembre 2014

Nos Etoiles Contraires...et la lecture qui fait couler les larmes

Nos Etoiles Contraires, John Green

Je sors de ce roman chamboulée et en pleurs. Enfin il ne faut pas exagérer, juste les joues un peu striées, mais quand même. C'est rare qu'un roman me fasse cet effet. Je pense que c'est parce qu'il m'a rappelé des souvenirs, mais aussi parce que c'est un bon roman, qui traite des peines humaines avec subtilité et un juste ton. Laissez-moi vous brosser le tableau...

Les personnages principaux ont un cancer. On aurait donc pu imaginer du pathos, du vocabulaire médical, des cris et des larmes; un ton plus que triste. Rien de tout ça; le ton est juste celui qu'il faut pour traiter du sujet sans sombrer dans l'apitoiement ou la dépression. Un zeste d'humour, et puis le reste...

C'est un livre fort, à ne pas mettre entre les mains des jeunes gens trop jeunes je pense. Non pas à cause de la difficulté de son vocabulaire ou de son style, mais à cause de ce qu'il nous raconte.  Pendant la lecture, on passe par des tas d'émotions, et les idées qu'elle laisse en nous sont nombreuses et marquantes. Je vais sans doute les méditer et y repenser plus que de coutume. Il est rare qu'un livre ait cette puissance...
Finalement je pense que c'est une réaction normale, étant donné que John Green nous présente un condensé de vie dans ce qu'elle a de plus injuste. Il en est même difficile de se mettre à  la place des personnages, qui sont tellement peu gâtés par la vie, et pourtant exemplaires. Comme je vous le disais, on ne sombre vraiment pas dans le pathos :). Essayons de comprendre comme cela est possible...

La première force de ce roman, c'est que c'est un roman d'amour. Un jeune homme et une jeune fille que la maladie rapproche, mais surtout l'humour et l'intérêt pour la vie, les choses,  la deuxième, c'est le personnage principal. Hazel est un phénomène. Elle est super; je ne trouve pas d'autres adjectifs pour la désigner, parce que finalement ils seraient tous précédés de "super"... Super battante, super à l'écoute, super empathique, super pas du tout égoïste,... et puis attachante. Ce n'est pas une super-héroïne du cancer agaçante, mais une fille très chouette. J'ai d'ailleurs été un peu déçue par l'actrice qui l'interprète dans le film (dont je n'ai vu que la Bande Annonce). Elle m'a semblée trop "agée", manquant de la forme d'insouciance et d'étonnement face au monde (on ne peut pas parler de naïveté dans son cas) qui caractérisent Hazel. Par contre, j'ai bien retrouvé la confiance au monde dont elle témoigne (confiance souvent déçue malheureusement...), tout en sachant que ce n'est qu'illusion et que nous sommes tous destinés à disparaître. C'est ce qu'Augustus (oui oui...) comprend grâce à elle : pas la peine de vouloir absolument marquer le monde; on ne laisse que des cicatrices. Les véritables "héros" sont ceux qui y prêtent simplement attention
Hazel a d'ailleurs une passion bien particulière : un roman de Van Houten, qui parle d'une jeune fille atteinte d'un cancer. Elle est totalement et profondément touchée par ce roman, et son plus grand souhait est d'en rencontrer l'auteur. Augustus, son amoureux, va l'aider. En deux lignes j'ai résumé la trame de ce roman; mais en réalité, il est bien plus dense que cela. Je ne dévoilerai surtout pas la fin et le retournement de situation difficile et très touchant. Comme je le disais au début de mon article, j'ai été touchée plus que de coutume, jusqu'à verser quelques larmes. 

Les livres me font rarement (voire jamais...) pleurer... Contrairement aux films qui me laissent souvent reniflante, les livres ne me donnent pas accès aux émotions fortes. Peut-être que la distance qu'imposent pages et les mots fait que je ne suis pas autant touchée, et que la catharsis n'opère pas. Je suis peut-être aussi trop cérébrale....
Qu'en est-t-il pour vous ? 

samedi 30 août 2014

Quand le secret revient

Boomerang, Tatiana de Rosnay

Antoine, la quarantaine bien tassée, tout juste divorcé, emmène sa soeur à Noirmoutier pour son anniversaire. Ce lieu leur rappelle des tas de souvenirs, surtout ceux de leur mère. Puis c'est l'accident. Au moment où elle voulait révéler à son frère quelque chose d'important, Mélanie perd le contrôle de la voiture et se retrouve dans un lit d'hôpital. Antoine craint non seulement de perdre sa soeur, mais aussi le secret qu'elle voulait lui révéler ... C'est sans compter sans l'imagination de Tatiana de Rosnay.

C'est vrai que ce roman débute d'une étrange manière : dans un hôpital, avec des personnages bien sonnés. C'est comme s'il débutait par la fin. Mais en réalité, par de savants retours en arrière, révélations au compte-goutte et suspense bien dosé, Tatiana de Rosnay nous laisse entrevoir le secret de famille qui pèse sur la mort de Clarisse, femme charismatique adulée et sublimée par les souvenirs. Plusieurs fois on pourrait penser que le roman va prendre fin, mais on sent les pages sous nos doigts, on se dit que non, finalement il va encore il y a avoir des rebondissements. On ne s'ennuie donc pas avec ce roman, qui mêle souvenirs d'enfance, suspense, relations familiales houleuses, amour et psychologie adolescente. On partage la vie d'Antoine, de ses trois ado, de son ex-femme et de sa nouvelle petite-amie. Leurs histoires sont assez banales, mais si on l'accepte, il est facile de se laisser emporter. Il y a toutefois un épisode, un peu long et un peu glauque, qui m'a posé question : la mort de Pauline, la meilleure amie de la fille d'Antoine. Certes on tisse aisément les liens qui l'unissent aux autres évènements de l'intrigue (attention, je vais dangereusement spoiler !) : la mort subite, comme Clarisse morte d'une rupture d'anévrisme, la rencontre de l'ado avec la mort qui rappelle celle d'Antoine lors du décès de sa mère, le corps à la morgue (la nouvelle petite amie d'Antoine est bikeuse et tanatopracteuse), l'enterrement,... Mais je l'ai trouvé un peu pesant, tant en terme de détails et d'atmosphère, qu'en terme de nombre de pages.
Pour le reste le roman se lit vite (ce que j'apprécie beaucoup chez Tatiana de Rosnay) et l'histoire nous emporte facilement. Encore une fois on retrouve un personnage de femme britannique, mais son rôle, bien qu'extrêmement important, reste en sourdine. 

Ce roman parle finalement beaucoup d'amour, celui qu'on porte à ses souvenirs, à sa famille, à ses enfants, et puis bien sûr d'amour charnel, mais au second plan. Les relations familiales sont extrêmement détaillées, la psychologie de chacun est saisie avec justesse. On peut déplorer bien sûr certains clichés (les ado rebelles, l'adultère,...), mais en mettant en scène un si grand nombre de personnages, il semble difficile de tous les dessiner à la perfection.
En définitive, si ce roman est long et riche en épisodes, c'est sans doute parce qu'on accompagne Antoine dans son chemin vers la résilience, celle de la mort de sa mère, de ses relations difficiles avec son père, et enfin de son divorce. Une tranche de vie comme on dit, un vrai roman donc, et le mélange est plutôt réussi (même si ce n'est pas mon préféré de l'auteur, peut-être à cause du fait que le personnage principal soit un homme). 

jeudi 28 août 2014

Lectures d'été et livre délaissé

Je viens de me rendre compte que je ne suis pas à jour dans les chroniques de mes lectures. Je vais donc palier cet oubli malencontreux :) :


Moka, Tatiana de Rosnay

L'histoire de cette mère qui se bat pour découvrir qui a renversé son fils en ce mercredi après-midi est prenante et émouvante. Sa vie, ainsi que celle de son couple, bascule avec son fils lorsqu'il sombre dans le coma (moka...) à cause d'une voiture couleur moka qui roulait trop vite. L'attente passive est insupportable, et Justine, anglaise mariée à un parisien un brin macho, décide de passer à l'action. Elle part donc dans le sud, sur les traces de la meurtrière potentielle. 
Le suspense est intense, et l'ensemble est nourri de réflexions et de remarques piquantes sur la cohabitation franco-britannique. En dépit de quelques ficelles manquant quelque peu de finesse, le texte est prenant et (excusez le jeu de mots ...) bien ficelé. 

La rose pourpre et le Lys, Michel Faber

Après l'avoir abandonné une première fois, déroutée par le style, j'ai repris ce roman avec un plaisir insoupçonné. J'ai accepté de me laisser embarquer par la narration au vocatif du narrateur, ne me suis pas laissée dérouter par ses apostrophes, et ai pris plaisir à le suivre à la rencontre de ses personnages hauts en couleur. D'ailleurs, une fois qu'on a rencontré Sugar et William, on a vraiment envie de poursuivre la lecture.
Sugar est sans doute la fille de la couverture... une courtisane étrange, toute en rousseur et en os, qui offre aux hommes tout ce qu'ils désirent...en dépit des tabous un peu surprenants pour nous. 
Imaginer le Londres du XIXème siècle est un jeu d'enfants grâce à Michel Faber, qui nous guide (au sens premier du terme), à travers le dédale de ses rues et le seuil des maisons closes.  La lecture est un vrai plaisir, mais je dois reconnaître qu'il faut avoir le temps et ne pas être trop pressé. Je dois donc me confesser... j'ai abandonné le premier tome aux deux tiers... pour lire autre chose. Non pas parce que je me lassais des aventures de Sugar et William; au contraire. Mais parce qu'elles n'arrivaient pas assez vite à mon goût. Toutefois, je compte vraiment reprendre ma lecture un jour prochain !

Petit mot sur l'abandon de livres : Je me rends compte que je fais partie de cette espèce de lectrice sans scrupules, qui laisse le livre lui tomber des mains dès lors que la magie n'opère pas ou n'opère plus. C'est souvent en lien avec la vie, avec ce que j'attends d'un livre à un moment précis. S'il ne me divertit pas assez, je peux l'abandonner; d'autres fois, si son style n'est pas assez bon, je peux le laisser tomber pour un roman plus "classique". La lecture dépend de mes humeurs, de mes envies, et je me fais peu de points d'honneur. Elle doit rester avant tout un plaisir, des sens et de l'esprit à la fois. 
Qu'en pensez-vous ? ???? 




vendredi 8 août 2014

Bilan de lecture de ces derniers jours

J'ai lu un certain nombre de courts romans ces derniers jours, et vais en rendre compte ici, sans accorder un article à chaque roman (non qu'ils ne le méritent pas, mais j'ai pris trop de retard !)

Chercher Proust, Michael Uras

Un roman sur Proust, mettant en scène un lecteur de Proust : il n'y avait rien de mieux pour me donner envie d'ouvrir cet assez court roman à la couverture violette, ornée d'une tête de Proust dessinée. On peut dire qu'elle donne le ton, puisque bien que l'auteur s'attaque à un monument littéraire, Marcel et son oeuvre ne sont pas traités sur un ton doctoral, bien au contraire.  
L'histoire est simple : Jacques, jeune homme mal dans sa peau, cherche sa voie à travers Proust. Proust qui lui inspire ses premiers émois, qui motive ses lectures et ses idéaux adolescents, et aussi son choix de métier. Il est tout simplement chercheur en Proust ! Il ramène d'ailleurs tout à lui, à des comparaisons avec les amours de Marcel, ses goûts, ses obsessions... Ce n'est pas facile de garder une relation stable avec une fille dans ces conditions, si on les compare toutes à Albertine la prisonnière ou à une Gilberte en fleurs ! Jacques cumule les gaffes et les relations d'un soir (avec des femmes vénales... on est bien loin d'Albertine!). Le personnage principal est haut en couleurs, plein de névroses proustiennes; on a un peu pitié de lui, il est souvent ridicule, mais il est très attachant. Il en devient presque un mini-Proust puisqu'en définitive, les points communs entre Marcel et Jacques se rejoignent et la boucle est bouclée (comme pour La Recherche) : ils deviennent écrivains !

La Liste de mes envies, Grégoire Delacourt

Quand la petite mercière d'Arras découvre qu'elle a choisi les numéros gagnants du loto, elle n'arrive pas à changer sa vie. Son magasin, son mari Jocelyn (ça ne s'invente pas!), ses enfants qui sont grands maintenant, son blog qui dépasse le millier de visites, tout va plutôt bien dans la vie de Jocelyne, elle n'a pas besoin de choses extraordinaires ni d'envies extraordinaires. Elle dresse des listes, mais on est surpris de constater que ce sont des listes que n'importe qui ou presque pourrait dresser, sans forcément avoir gagné à la loterie. Jocelyne est une femme humble, attachante, aimante et généreuse; c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Ce qu'elle fait de son chèque correspond tout à fait à cette personnalité simple et posée : elle le cache, dans un placard, dans une chaussure. Jusqu'au jour où le chèque disparaît...

Puisque rien ne dure, Laurence Tardieu 

Un soir de juin 2005, Vincent prend la route pour rejoindre Geneviève qui l'appelle à l'aide. Elle a besoin de lui pour pouvoir mourir. Vincent se rend donc à son chevet, et au cours de sa route, on en apprend davantage sur la situation : Geneviève et Vincent ont vécu quinze ans ensemble et ont eu un enfant. Une enfant qui un jour a disparu. La perte de l'enfant a alors sonné la glas de la perte du couple...
Comme toujours avec Laurence Tardieu, stigmate de son processus d'écriture, on apprend les choses peu à peu, à travers ce "work in progress" un peu déroutant mais pourtant envoûtant. Le rythme est lent, un peu haché, on s'y perdrait presque, parfois on ne comprend pas où tout ça veut en venir (surtout au début). Les thèmes du roman sont oppressants, déprimants (la perte, de l'enfant, du couple, mais également la perte de la vie), mais ils font réfléchir. Toutefois ce n'est pas le texte de Laurence Tardieu que j'ai préféré pour le moment. 

jeudi 31 juillet 2014

La vie fortement épicée de Madame Lavigne

La vie épicée de Charlotte Lavigne, tome 2
Bulles de champagne et sucre à la crème

Charlotte va enfin épouser son Maxou ! Voilà la bonne nouvelle qui promet un début en beauté. Mais comme toujours, tout ne va pas aussi bien que notre québécoise préférée le souhaiterait. Devenue une des co-présentatrices phares de l’émission Totalement Roxanne, elle est sollicitée par les producteurs pour faire de son mariage… une télé-réalité orchestrée par les spectatrices ! Choix de la robe, du dessert, de la salle de balle, tout y passe. Et pour simplifier les choses, sans rien en dire à Maxou… 
Finalement le mariage se passe, et plutôt bien, malgré quelques gaffes familiales et autres peines de cœur amicales. Charlotte est ravie, elle a son Maxou pour elle et pour la vie. Et bientôt, à elle la vie parisienne !
Deux semaines après son mariage, Charlotte y est. A Paris, enfin. Paris et ses macarrons, ses vins, bref, sa gastronomie. Et on sait que Charlotte ADORE ça ! Mais c’est sans compter le caractère des parisiens, les caprices de sa belle-mère et le boulot prenant de son mari. Le bon Bordeaux prend alors un goût amer… surtout quand on n’a personne avec qui le partager. Ugo et Aïsha lui manquent, et Charlotte a bien du mal à se faire des amis à Paris. Notre héroïne pleine de vie commence à dépérir…

Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le suspense, d’autant plus que pour moi, la fin a été une véritable surprise. Connaissant la bonne humeur et l’enthousiasme propre à ces romans, je ne pensais pas que l’histoire du tome 2 prendrait un tournant si… réaliste pourrais-je dire. On est loin de la vie sucrée et un tantinet superficielle que menait Charlotte à Montréal. On croque vraiment dans le piment, et pas le piment qui épice agréablement un plat plein de soleil ; plutôt du piment qui brûle, et dont le piquant douloureusement intense est difficile à endiguer. Charlotte est en proie avec la vie, la vraie, celle qui fait mal et qu’un plat de spaghetti au pesto maison ne suffit pas à faire oublier. Notre québécoise enjouée a du mal à vivre seule, au milieu de l’arrogance parisienne et d’une certaine indifférence familiale.
J’ai vraiment aimé cette dimension plus rude, plus dure. Cela confère à ce roman, que je pensais plus que léger, une dimension humaine touchante. J'ai eu davantage l'impression de pouvoir m'identifier à l'héroïne. Ajoutez à cela le ton toujours génial, saupoudré de bonnes expressions québécoises ; le caractère de folie de Charlotte ;  l’amour que lui porte Ugo, son meilleur ami, et vous obtenez un superbe roman, plein de vie et d’aventures rocambolesques… mais pas toujours drôles.
J’ai hâte que le tome suivant sorte au Livre de Poche !

C'était également sympa de voir l'idée que peuvent se faire les Québécois de Paris, une des plus belles villes du monde certes, mais pas celle dont les habitants sont les plus sympathiques ! 



dimanche 27 juillet 2014

De la nouveauté chez Tatiana de Rosnay

A l'encre russe, Tatiana de Rosnay

Ce dernier roman de Tatiana de Rosnay m'a énormément surprise, et plutôt en bien. 
L'histoire est assez simple : Nicolas Kolt, vingt-six ans, a publié un roman, L'enveloppe, qui a connu un succès phénoménal et planétaire. Né presque par hasard suite à un renouvellement de passeport, ce roman a été lu par des milliers de personnes et même adapté au cinéma. Sa promotion a mobilisé une énergie folle chez Nicolas, qui n'en est pas sorti indemne. Il a rompu avec sa compagne, est devenu imbu de sa personne, couche avec plein de filles différentes, ... bref, il a pris la grosse tête. 
On le retrouve trois ans après la sortie de son roman, dans un hôtel de luxe en Italie. Coupé du monde, il fait le point sur ce qui lui est arrivé et ce qui lui arrive encore. On le suit pendant trois jours passés dans cet endroit de rêve, où il n'a pourtant de cesse de ressasser ses souvenirs et de revenir sur ses (nombreuses) bévues. L'une de ses maladresses se trouve d'ailleurs avec lui : sa nouvelle compagne, avec laquelle il entretient une relation houleuse. Pendant trois jours, au bord de la piscine, il consulte son téléphone bourré d'e-mails de son éditrice et de sextos d'admiratrice, son compte Facebook visité chaque seconde par des tas de fans, son compte Twitter envahi de postes plus ou moins flatteurs, et surtout de relances concernant son prochain roman... Hypothétique prochain roman puisqu'en réalité il ne parvient pas à écrire une seule ligne...

Ce livre mêle donc de nombreux sujets qui ont piqué mon intérêt. Son héros ultra moderne et ultra connecté, qui est aussi un écrivain en proie aux affres du métier et victime de son succès, m'a touché. Certes il est imbu de lui-même, trop sûr de lui, trop narcissique et j'en passe, mais il réalise peu à peu ce qu'il a perdu en se pâmant dans la manne du succès. On comprend également en filigrane l'histoire familiale qui lui a inspiré L'enveloppe, et qui est également à l'origine du choix du titre choisi par Tatiana de Rosnay. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spoiler !

J'ai trouvé la trame de l'histoire peut-être un peu conventionnelle mais narrée avec dynamisme, modernité et fluidité. Nicolas Kolt est un héros qu'aurait pu mettre en scène Philippe Djan, le type de l'écrivain à succès qui aime le luxe et les filles; en moins trash ceci dit. Je me suis également demandé s'il y avait une part autobiographique dans ce roman, puisqu'il évoque les difficultés de l'écrivain, mais aussi la quête d'identité au-delà des frontières (Tatiana de Rosnay a rencontré de nombreuses difficultés pour obtenir la nationalité française). 

Un très bon moment de lecture; j'avais envie de reprendre le livre dès que j'avais un peu de temps, ce qui est très bon signe ! Toutefois je comprends la déception de certains lecteurs, qui n'ont pas retrouvé les thèmes de prédilection de Tatiana de Rosnay, comme le suspense, l'enfermement, la souffrance psychologique des personnages, etc... La fin est aussi un peu étrange, l'auteur s'est fortement inspiré de l'actualité pour l'écrire, mais j'ai eu l'impression d'un cheveu sur la soupe (même si c'est ce qui relance l'imagination créatrice de notre héros).