mercredi 6 février 2013

Goncourt des Lycéens 2012


La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker 

Un homme de trente-cinq ans amoureux d’une jeune fille de quinze ans (qui s’appelle Nola, pas Lolita... quoi que...), un écrivain en panne d’inspiration, une petite bourgade des Etats-Unis et une cohorte de personnages intrigants. Mélangez tout ça, organisez un peu, et vous avez une histoire mirobolante.
Notre histoire se passe à Aurora, petite ville du New Hampshire. Un écrivain célèbre, Harry Quebert, y coule des jours solitaires et paisibles. Enfin paisibles oui, jusqu’au jour où le cadavre de Nola est découvert dans son jardin, trente ans après sa disparition. Au même moment son élève et ami, Marcus Goldman, écrivain à succès, est en passe de tomber dans l’oubli (victime d’une panne, et pas n’importe quelle panne : celle de la plume). Anéanti à l’idée de perdre tout ce qu’il avait si rapidement gagné (le succès, la gloire, les filles), il cherche refuge et conseil auprès de son vieil ami. Mais celui-ci va être aux prises avec ses vieux démons… et  avec la police. C’est lui qui aurait tué la jeune fille ? Lui qui l’aurait aimée aussi ? Quoi qu’il en soit, Marcus accourt à Aurora pour le soutenir, et finalement trouver l’inspiration : il va écrire un livre sur cette affaire.
Sous couvert de métalittérature, c’est une enquête policière riche en rebondissements qui s’offre à nous. Les personnages que l’on rencontre sont extrêmement intrigants. A croire qu’habiter dans une ville pommée des Etats-Unis vous rend tellement has been que vous en devenez un sujet palpitant. D’autant plus que la majorité de l’intrigue, constituée de retours en arrière, se passe en 1975.
C’est au cours de l’été 1975 que Nola, jeune fille de quinze ans rayonnante, tombe amoureuse des mouettes et de l’écrivain. C’est cet été là aussi qu’elle sert au snack de la ville aux côté de la jolie Jenny, qui se consume d’amour pour l’Apollon national, lequel passe ses journées à simuler la rédaction de son œuvre d’art sur un coin d’une table grasse de la gargote. Bien sûr Jenny est elle aussi l’objet de toutes les convoitises, tout comme Nola. Il fait chaud à Aurora; c’est ce que l’on va découvrir tout au long de l’enquête de Marcus Goldman…
Des personnages surprenants, une mise en perspective de l’acte d’écrire, de l’enquête que cela implique, mais aussi de l’acte de lecture qui est également une enquête. A la fin du livre, Harry prodigue son dernier conseil à Marcus : un bon livre, c’est celui qu’on referme avec un petit pincement au cœur, et dont la couverture nous rappelle tous ces personnages avec qui on a un peu vécu, et qu’on vient de quitter…
Cette sensation de partager l’existence et les souffrances de tous ces personnages gravitant autour du couple Harry et Nola (parce que bien sûr, c’est Harry l’amoureux transi) est vraiment celle que j’ai éprouvée tout au long de la lecture. Toutefois, malgré la qualité de la démonstration de création d’un livre (acte illocutoire, le dire c’est le faire, le livre se crée par moments sous nos yeux), on peut regretter certaines longueurs et les répétitions. Mais pas surprenants ni vraiment blâmables, puisque le livre fait plus de 600 pages.
Cet ouvrage a reçu le prix de l’Académie Française et a aussi été élu par les Lycéens pour leur Goncourt 2012. Un bon livre, qui tient en haleine et se veut miroir de la littérature, même si on peut déplorer quelques longueurs et quelques clichés.

Pour un autre avis, l'article d'Emma