vendredi 23 octobre 2015

Petites pauses lecture

Ces temps-ci, le temps nous est compté. Alors la lecture, ce n'est pas si souvent. Mais pour me détendre, rien de tel qu'un bon livre :)
A très vite les amis !!



samedi 10 octobre 2015

Les Classiques, ma vie et moi

La Liseuse, Fragonard 

Chers tous, 
Un nouvel article que je médite depuis quelques jours, après en avoir vu le thème chez Eniaa (blabla1 : Les classiques... et moi) et avoir eu envie d'en parler moi aussi. A force d'y réfléchir, je me suis rendue compte que plusieurs raisons me poussaient à évoquer cela ici : non seulement les classiques ont eu une grande place dans mon parcours de lectrice, mais aussi, ils font partie d'une catégorie que chaque lecteur a forcément côtoyé un jour dans sa vie. Dévoiler quelque chose de personnel tout en parlant à tous, voilà bien le genre de sujet qui me plait. C'est d'ailleurs ce que je fais un peu tout le temps via les articles : parler de moi tout en parlant des livres. Bref, merci Eniaa :)
Il y a aussi une autre raison qui m'a poussée à aller plus avant dans ce sujet : mon métier. Je suis en effet amenée, chaque jour ou presque, à conduire des jeunes gens vers la littérature, et particulièrement vers les classiques. Et je réalise que je ne m'interroge sans doute pas assez sur ces livres que je leur fais (ou non) lire. D'accord c'est ce qu'impose le programme. Mais c'est tout de même moi qui choisis QUELS romans ou ouvrages classiques je vais leur demander de lire, à mes lycéens ! Pourquoi est-ce que j'ai choisi cette année Les Fables de La Fontaine, Phèdre de Racine, Candide et enfin Thérèse Raquin ? Pour tout vous dire, pour beaucoup, c'est pour leur pertinence d'un point de vue pédagogique. Candide est un incontournable. Les Fables sont déjà un terrain un peu connu, et on approfondit (ce n'est pas si simple que ça, il y a plusieurs niveaux de lecture, et c'est ça qui fait un classique). Pour Phèdre c'est par goût personnel. Et puis Thérèse Raquin... c'est non seulement parce qu'il est court, mais aussi parce qu'il est trash... et j'adore provoquer un peu mes élèves. Les faire réagir. Et leur montrer que les classiques, une fois les barrières du style et de la langue tombées, n'ont rien à envier à certains de leurs films préférés. Ils sont même parfois plus terribles !! 
Les classiques, c'est le fondement de notre culture, de toutes nos conceptions du monde, de tous nos scénario. Racine et Zola contiennent toutes les horreurs et les bonheurs humains. Game of Thrones et autres thrillers n'ont rien inventé. Le problème c'est que c'est vieux, verbeux, complexe, avec des fioritures, du style et de la beauté. Un classique n'est pas immédiat. Il faut le comprendre, et presque le mériter - comme nous le fait sentir Balzac au début de ses romans, avec ses longues descriptions. Un classique, c'est de la vie en barre, mais il faut creuser un peu, mettre les mains dans le cambouis, démonter les rouages complexes qui cachent en fait des trucs tout simples. Il faut OSER. Et une fois qu'on a compris que ce n'est pas si compliqué que ça, et bien on peut avoir accès à tout le plaisir que contient la littérature, et les classiques en particulier. Bon d'accord, peut-être pas tous les classiques... il y en a qui sont vraiment ch*** (genre certains Balzac par exemple...). Mais la plupart, comme Les Liaisons Dangereuses, ou encore Nana de Zola, sont de vraies pépites. Enfin tout ça, c'est assez personnel comme avis...
Le Verrou, Fragonard (aussi)

Venons-en à nos moutons : mon parcours avec les classiques.
Je lis depuis que je suis toute petite (comme beaucoup d'entre nous je pense). J'ai commencé avec la Bibliothèque Rose. Pas complètement des classiques, mais pas complètement pas non plus. La Comtesse de Ségur, on peut dire que c'est un classique de littérature jeunesse. J'ai continué comme ça, tranquillement, mais avec très peu de romans contemporains. Je piochais allègrement dans la bibliothèque d'enfance de ma maman. Jusqu'au jour où je n'ai plus eu envie de me contenter de celle de l'enfance. Je suis allée chercher ces livres plus gros, plus beaux parfois, dont je regardais sans cesse les titres sans les comprendre :  Madame Bovary, François le Champi, Les Misérables (que je n'ai finalement encore jamais lus !!), L'Etranger, ... et je ne sais plus quels autres. Je savais que c'étaient des livres particuliers. Déjà ils étaient gros, et écrits tout petits. Mais définitivement, il n'y avait pas à tortiller, je n'y comprenais rien.  Alors je me suis mise à ne vouloir lire que des livres épais et écrits tout petit, mais un peu plus adaptés à mon âge. Je me suis lancée vers 13 ans dans le Seigneur des Anneaux. C'est gros et écrit tout petit. J'ai bien aimé, même si je ne retenais pas tout. Mais ça avait le mérite d'être gros. Et puis, arrivée à la fin du collège (où j'ai sûrement lu des classiques d'ailleurs, mais impossible de m'en souvenir...), je me suis dit que j'allais entrer au lycée, et sûrement avoir des livres plus "recherchés" à lire. J'ai donc choisi mon premier vrai classique : Le Blé en herbe, de Colette. Et je n'ai rien compris. Tout petit pourtant, et écrit gros. Mais rien. Je lisais sans comprendre. Mais je lisais ! Je lisais un classique ! Et de là s'établit ma première relation à la littérature : une sorte de sacralisation de l'objet, magnifique mais inatteignable, sublime mais incompréhensible. Je ne pouvais pas comprendre ce que ces romans voulaient dire, parce qu'ils recelaient forcément quelque chose de sacré, quelque chose de bien plus haut, bien plus subtile ce que moi, simple enfant mortel et ignare, pouvais comprendre. J'ai donc enchaîné ainsi pas mal de classiques, des Mots de Jean-Paul Sartre à Germinal de Zola, en passant par Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Surtout au lycée. J'alternais ces titres ronflants et connus avec d'autres lectures plus distrayantes. D'autant que quand je lisais les classiques, c'était toujours avec cette impression de lire quelque chose de magnifique mais avec retenue, ce qui rendait ma lecture superficielle. Je pensais tellement fort qu'ils recelaient un secret, un mystère qui n'étaient accessibles qu'aux grands initiés, que je m'empêchais presque de comprendre qu'en réalité, c'était d'abord une histoire qui était racontée. L'affaire s'est corsée quand j'ai compris que je voulais faire des études littéraires. Je crois que tout s'est confirmé avec Proust. Vers 16 ans je suis devenue férue de réflexion philosophique, et je me voyais déjà prof de Philo. Mais j'aimais aussi tellement lire que quelqu'un m'a dit une fois : " Mais toi, ce qui te botte vraiment, c'est la littérature". Et Proust est venu confirmer cela. Quelle claque ça a été pour moi de finalement comprendre un roman classique. Parce que Proust, avant de raconter une histoire, parle de l'âme humaine; de ce qu'on perçoit, de ce qu'on ressent. La prose de Proust était complexe, alambiquée, et finalement elle incarnait ce que je croyais voir dans les autres romans : une sorte de mystère incarné, mais que je comprenais. Finalement, tout ça n'est pas de l'ordre de la prétention. C'est simplement que j'ai retrouvé chez Proust ce que je cherchais partout : une complexité, un mystère à résoudre. Chez les autres auteurs, je voulais voir de la complexité derrière chaque mot, alors qu'il n'y avait avant tout qu'une histoire sur laquelle méditer (et un beau style c'est vrai). Alors que chez Proust, c'est le style qui sert l'histoire; ce sont "les anneaux nécessaires d'un beau style" qui font pour lui l'essentiel d'un texte, puisqu'ils sont pour lui le support de la vérité. Proust m'a touché pour ça : pour lui, il n'y a pas de vérité sans subjectivité.  Il ne décrit pas seulement des choses ou des faits : il y mêle les souvenirs, l'expérience, la subjectivité humaine. Et c'était ça que je cherchais dans tous ces romans : la réalité de ce qui se passe dans la tête des auteurs, et sans doute, par corollaire, dans celle des gens.

Je ne pensais pas passer autant de temps sur le tournant qu'a été Proust pour moi, mais ça m'a permis d'y voir plus clair. Je n'avais finalement jamais vraiment compris pourquoi j'aime tant cet auteur et pourquoi il a été si important, mais ça commence à s'éclairer ! Merci Eniaa pour cette idée, encore une fois ! Je fais des découvertes plutôt intéressantes. 

Ensuite est venu le temps des études de Lettres, les sérieuses et grandes études de Lettres. Grandes surtout parce que j'ai eu un Bac S... donc assez peu de littérature à l'école, après m'en être gobergée en 1ère (entre deux révisions de maths que je m'imposais, oh supplice...). Etudes en hypokhâgne donc, puis en khâgne Lettres Modernes et là... après une première année riche en lectures plus personnelles, l'option Lettres Modernes fut une véritable révélation. Enfin on me donnait des clés pour accéder aux grands textes. Pour autant je n'ai pas réussi à toutes les utiliser dès cette année; les textes me semblaient encore nimbés d'un épais mystère. Mais je savais que j'allais pouvoir le percer. Et c'est une fois arrivée à la Fac de Lettres Modernes que j'ai compris que j'avais, sans m'en rendre totalement compte d'ailleurs, réussi à en fendre la première épaisseur. A Rebours de Huysmans a marqué ce premier accomplissement; j'ai vraiment aimé ce roman, assez obscur pourtant. Je crois que c'est ce qui m'a plu; j'aimais quand les textes n'étaient pas limpides, qu'il fallait réfléchir, peser chaque mot, penser chaque tournure, analyser pour comprendre. Autant vous dire que je ne lisais alors plus que de "vieux auteurs", chez lesquels je savais pouvoir trouver autre chose qu'une simple histoire (triste constat d'ailleurs : je ne parvenais pas à comprendre tout simplement une histoire, donc pas ou peu de livres plaisir, puisque je cherchais surtout à décortiquer (le style mais aussi ce qu'avait pu penser l'auteur)). Mon ancien blog est la preuve de cette boulimie de Classiques : je commençais à comprendre que le mystère de ces textes pouvait être infiltré, alors je m'en donnais à coeur joie. Classiques "anciens" mais aussi plus contemporains, ils me donnaient à réfléchir à la littérature, et ce fut une période faste intellectuellement parlant. J'ai d'ailleurs eu mon concours en grande partie grâce à cet engouement. Une bouquinerie de la ville où j'étudiais m'a aussi permis d'assouvir mon besoin de classiques, et la bibliothèque que j'ai chez mes parents regorge de ces vieux livres jaunis payés 3 euros. 3 euros le mystère ultime et sublime, j'aurais dû me douter qu'il y avait quelque chose de pas net...
C'est finalement quand je suis devenue enseignante que j'ai compris que le mystère n'existait finalement que dans mon esprit, puisque je pouvais le percer et même plus, en donner les clés à d'autres. Chouette ! Du coup, depuis, je ne lis quasiment plus de classiques classiques... mais je lis des romans qui pourraient le devenir, plus tard. Que ce soit pour les adultes ou pour les jeunes. Ce qui se fait aujourd'hui me fascine. Mais pour en arriver là, il m'a fallu remonter jusqu'aux classiques. Comme si j'avais besoin de connaître bien ce qui avait été fait avant, pour bien comprendre le monde d'aujourd'hui. Et c'est sans doute pour ça que lire les Classiques est essentiel- à condition de bien les choisir.

Ahlàlà je vous en ai fait des tartines... mais ça m'a permis de réfléchir à plein de choses. Si j'ai pu susciter en vous une réflexion, vous m'en verrez ravie. Si ça vous a rappelé des souvenirs d'expériences de lecture, c'est encore mieux.
Petit mot sur les deux tableaux : Ahlàlà que je suis sérieuse dans cet article ! Que je suis pompeuse ! Mais j'avais envie de mettre ces deux images : celle d'une lectrice concentrée, que je voyais sur un mur chez mes parents et qui m'a toujours plu (je m'y retrouvais sans doute, et peut-être bien que Margaud aussi :p) et Le Verrou, du même peintre. Il figure sur la couverture de mon exemplaire des Liaisons Dangereuses (roman qui représentait un super mystère pour moi !). Et puis un dernier de lui que j'aime bien intitulé "Les Hasards heureux de l'escarpolette". Sympa. 

Reste une (deux...) question :
  Quels sont vos classiques préférés ? Pourquoi ? 
Quels sont les classiques que vous auriez rêvé d'étudier à l'école ?
Mes futurs élèves pourraient vous en être reconnaissants ! 

mardi 6 octobre 2015

La Maison d'à Côté (encore un thriller ??!!)

La Maison d'à Côté, Lisa Gardner

Chers tous, comme vous avez pu le constater, je ne suis plus très présente ces derniers temps sur les blogs... Le boulot est passionnant mais prenant (traduire du latin, ça ne s'invente pas!) et nous sommes en pleine préparation d'un évènement plus que particulier (certains savent exactement de quoi je parle, à suivre pour les autres :p). Par conséquent, rythme de lecture ralenti, ainsi que fréquence et longueur des articles, mais aussi présence sur les blogs. Je reviens pourtant cette semaine avec un petit bilan sur ma dernière lecture, et une sorte de TAG inspiré de chez ma chère Eniaa (à venir).

Je viens tout juste de terminer, ce matin, le 3ème thriller de cette période de rentrée (autant parler de période de rentrée, parce que j'ai tellement peu lu en septembre que ce n'était pas la peine de faire un bilan...). Etrange ce soudain engouement pour les thrillers... Mais j'ai eu envie de lectures plus adultes, sans qu'elles soient pour autant prise de tête, et je trouve que c'est un bon compromis. Toutefois je pense que bientôt je retournerai vers des valeurs sûres pour le moral : le YA et la litté jeunesse (j'ai plein de livres VO qui m'attendent !). 
C'est Millenium qui m'a donné envie de poursuivre dans une veine thriller. J'ai vraiment adoré le premier tome de la saga, et j'avais envie de continuer dans cette atmosphère, sans pour autant démarrer tout de suite le tome 2. J'ai donc enchaîné avec un Maxime Chattam très trash (j'en ai encore des visions cauchemardesques la nuit, pour dire...), puis avec ce roman, La Maison d'à Côté, que j'ai trouvé j'ai un bouquiniste de ma ville. La couverture m'a intriguée (mais elle est finalement beaucoup plus angoissante que l'intrigue elle-même !), et puis le fait qu'il ait reçu le prix des Lectrices de Elles en 2009 m'a confortée dans l'idée que ça devait être un thriller à lire. J'avais plutôt aimé Les Apparences de Gillian Flynn (enfin, surtout le film...) et qui avait aussi reçu ce prix, alors je l'ai acheté.

J'ai commencé ma lecture il y a exactement une semaine. Il fait environ 500 pages, c'est vous dire que mon rythme est bien ralenti. Mais ce n'est pas grave, je n'ai pas tellement souffert de cette lenteur, du moins jusqu'aux 100 dernières pages (j'ai toujours envie de savoir la fin rapidement et de passer à une autre lecture). J'ai aimé retrouver chaque soir l'histoire de ces personnages aux noms tout droit sortis d'une pièce de Beckett et de Mrs Dalloway. Quels secrets cachent Mr. Jones, Mr Smith le chat, Sandy et leur fille Clarissa ? Le soir où la mère de l'enfant disparaît, l'inspecteur D.D. est sur les dents. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ce père semble-t-il si insensible ? 
On découvre peu à peu la vie de cette famille un peu particulière, où la mère s'occupe de Ree (surnom de Clarissa) le soir, et le père dans la journée. Où ce dernier passe ses soirées à pianoter sur son ordinateur. Où la mère fait parfois des escapades torrides avec l'accord de son mari. Qu'est-ce qui se trame dans cette maison, dans cette famille ? 

J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteur nous donne le point de vue de la jeune femme disparue. Elle nous raconte son passé, et on comprend peu à peu des choses. J'ai aussi apprécié suivre Mr. Jones et sa fille. Ree est un personnage fascinant, un peu comme Clarissa dans le roman de Virginia Woolf. Elle capte toutes les attentions, condense tous les regards, et est vraiment mignonne. Qautre ans, précoce, fan de Barbies et du Petit Dinosaure (^^), moi j'ai adhéré. Elle est entourée de parents un peu tarés mais sinon tout va bien. Du point de vue de la psychologie, de l'onomastique (choix des noms des perso), j'ai vraiment passé un bon moment. Toutefois, niveau intrigue... c'est un peu expédié vers la fin, selon moi. Sinon, jusqu'à 400 pages, ce fut vraiment un plaisir. Avec un vrai suspense sur les questions d'ordinateurs, de sites cachés, de photos compromettantes etc.
On suit aussi en parallèle l'histoire d'un jeune garçon pédophile repenti, qu'on soupçonne mais qu'on plaint à la fois. Un peu comme Spetimus Warren Smith dans Mrs Dalloway, il a subi des chocs et est un peu fou lui aussi. D'ailleurs il y a un Warren dans le roman tiens ! L'auteur s'est vraiment inspiré de Mrs Dalloway. Jusqu'à quel point je ne saurais dire, je ne connais pas assez le roman de Virginia Woolf, mais c'est vraiment sensible (et l'inspecteur D.D. qui n'est qu'initiales, c'est étrange aussi).
Après une petite recherche : le titre vient sans doute aussi de Mrs Dalloway ! Dans l'incipit il est dit, entre parenthèses "qui la connaissait, comme on connaît, à Westminster, les gens qui habitent la maison d'à côté". Et c'est tellement ça ! La question du voisin qu'on ne connaît pas (c'est le cas du jeune garçon pédophile), ou même de son voisin de lit, ce mari que Sandra ne connaît finalement pas si bien... J'adore comme ça trouver de l'intertextualité, des échos à d'autres textes dans les romans; ça leur donne une plus-value à mes yeux. 

Bref, je n'ai pas tellement le temps de m'attarder, mais tout ça pour vous dire que : c'est un bon roman, pas forcément un excellent thriller. Les personnages sont intéressants, amusants pour certains, touchants pour d'autres, et on a envie de savoir ce qui leur est arrivé. Il y a du suspense, mais la fin m'a déçue. Finalement, je l'ai davantage lu comme un bon roman. 

Et vous, connaissiez-vous ce titre sorti en 2009 ?