samedi 19 novembre 2011

La drogue ou la vie

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…

D’accord, je suis un peu vieille pour m’être intéressée à ce témoignage ; c’est un peu ce que lisent les adolescents pré-pubères dans leurs moments de crise. Mais je ne sais pas, j’avais besoin de lire quelque chose qui s’apparente à un parcours initiatique, quelque chose sur la délicate construction de soi, même si c’est glauque, dur, froid. L’univers de la drogue, c’est comme ça ; effrayant.
Toutefois le témoignage de Christiane (et oui, c’est un vrai témoignage !) ne sombre pas dans le pathos ; elle raconte consciencieusement sa lente mais inéluctable déchéance, sans omettre de détails. Elle revient sur ses pensées après coup, montrant combien elle avait pu se mentir à elle-même, occulter le réel, penser que tout irait mieux alors que tous ses actes prouvaient que ce n’était pas le cas.

Dès son plus jeune âge, la jeune fille a le goût de l’interdit ; tout ce qui est hors la loi la grise, l’attire, l'exalte inexorablement. Forcément il est question d’enfance malheureuse en famille,  de divorce et touti quanti . Néanmoins elle semble prendre plaisir à sa vie de casse-coût. Un plaisir plutôt cynique certes, teinté d’amertume et de danger, mais tout de même. De là viendra son dégoût prononcé pour la vie, ce dégoût qui l’amènera à se laisser tenter par les voyages et autres trips artificiels.
C’est cela qui m’a marquée dans ce témoignage : les motivations des drogués, qui sont finalement peut-être des personnes plus sensible que d’autres. S’ils sniffent, avalent des cachets ou se piquent, c’est pour échapper à la vie ordinaire, laquelle les rend malheureux. Ils ne se sentent pas épanouis dans le monde qui les entoure, sauf quand ils sont sous l’emprise de produits. Qu’ils soient de consommation courante ou d’une rareté onéreuse mais éclatante dans ses effets, que ce soient des somnifères, du Valium ou de l’H (héroïne, pour les intimes), tout est bon à prendre pour se sentir planer ( « à quinze mille » comme ils disent). La vie réelle est vraiment dure, alors autant partir ailleurs, dans des rêveries psychédéliques. Ça on pourrait presque le concevoir. Le problème est que la réalité reprend malgré tout rapidement le dessus, et que tout se corse.
Pour planer, il faut de la drogue. Pour cela il faut payer. Pour payer il faut avoir de l’argent. Pour avoir de l’argent il faut soit être riche, soit travailler. C’est banal, mais cela fait beaucoup de conditions. Des conditions trop nombreuses qui font que rapidement, malgré les trips et les jolies couleurs, tout devient plus complexe. Il ne s’agit même plus de vivre, mais de survivre. Le pire est réservé à ceux qui ont pris de l’H. Ils deviennent rapidement accros, et enchaînent les crises de manque. Il leur faut leur dose quotidienne, laquelle augmente de semaine en semaine. Christiane, comme les autres, pense qu’il est aisé de s’en sortir, qu’on peut décrocher facilement comme elle dit. Rien de plus faux ; beaucoup, même, en meurent.
Néanmoins Christiane fait tout pour s’en sortir.

Ce témoignage est issu d’un entretien qu’une équipe de chercheurs allemands ont réalisé auprès de jeunes berlinois. Christiane s’est prêtée au jeu plus encore que les autres, et pendant deux mois, elle a fait le récit de cette jeunesse terrible, cette enfance gâchée par l’irréalité de la drogue, et, paradoxalement, la rudesse qu’elle impose à ceux qui la côtoient. Une fois qu’on y a touché, toute la vie tourne autour de la poudre, l’existence est centrée sur elle, l’individu est obnubilé par elle. Christiane et ses amis se prostituent pour planer, ou tout simplement, à force, pour ne plus souffrir, pendant un instant. Pour un trip de trop, pour voir la vie en rose l’espace d’un instant, on risque de tomber dans cet état de souffrance perpétuel qui fait de ce livre un témoignage poignant.
Ajoutons que le témoignage de Christiane n’occupe pas l’intégralité du livre ; une petite partie regroupe les témoignages de la mère de Christiane qui assiste, aveugle puis combative, à la déchéance et au retour à la vie de sa fille.
Un livre pour ados, que finalement je conseille quel que soit votre âge ; malgré la jeunesse de l'héroïne (sans jeu de mots aucun !), il s'agit tout de même une réflexion percutante sur la vie et les aspirations humaines au bonheur. 

1 commentaire:

  1. Les drogues sont une catastrophe pour notre société. Voici un témoignage que j'ai récolté d'un miraculé qui a

    réussi l'improbable, il s'est sortie des drogues depuis 25 ans et n'y a plus jamais retouché. Il n'était pas un

    "simple drogué", il a réellement suivi la spirale descente et comme il le dit lui-même

    "De 1980 à 1986, j’ai vécu une descente en enfer sans pouvoir m’en échapper.
    En quelques mois, j’ai commencé par fumer du shit, de l’herbe, puis rapidement j’ai sniffé de l’héroïne. Eté 1980,

    le sniff a rapidement perdu son effet alors j’ai utilisé l’injection d’héroïne puis les mélanges héroïne/ cocaïne (plus

    connu sous le nom de speed Ball). J’ai pris de tout : des acides, des champignons hallucinogènes, des

    médicaments, etc. Et bien sûr, plus j’en prenais moins l’effet était ressenti alors la dose devait augmenter. Une

    spirale incroyablement vicieuse…"

    Vous pouvez lire le témoignage complet ici :

    http://fleausolution.com/2011/11/un-accro-aux-drogues-dures-sen-sort-grace-a-narconon/

    Personnellement, je lui tire mon chapeau... S'il y en avait plus comme lui, la société ne serait surement plus la

    même. Merci à lui pour le courage et la joie de vivre qu'il communique...

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